Le Premier ministre de Transition, Dr Choguel Kokalla Maïga est-il énergiquement et institutionnellement émoussé dans ses fonctions depuis son retour à la primature ? Des signaux le laissent entrevoir.
Depuis son retour du repos médical forcé pour reprendre ses fonctions à la tête du Gouvernement de Transition, le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga est moins visible et moins tranchant dans la haute sphère de l’Etat.
En effet, avant son repos médical forcé, le chef du gouvernement dit de la rectification était très tranchant dans ses prises de positions. Il n’hésitait pas à remettre les uns et les autres à leurs places sous l’argument que le Mali n’avait de leçon à recevoir d’aucun pays, partenaire ou dirigeant. C’est ainsi que Choguel Maïga, bel orateur devant l’Eternel et ancien porte-parole d’un gouvernement sous feu le président IBK, se faisait entendre trop régulièrement, au point, confie-t-on, de mettre mal à l’aise le président de la Transition, dont la discrétion est connue et la rareté de la prise de parole apparaissait plutôt intrigante.
Le locataire de la primature ne se privait pas de tenir diverses réunions médiatisées pour débiter ses diatribes contre différents pays partenaires, dont les représentants se retrouvaient tous gênés et visiblement troublés par les propos de l’hôte. C’est au point que différents ambassadeurs et représentants diplomatiques n’étaient plus à l’aise à participer à des séances de travail présidés par le chef du gouvernement de transition ? Et l’une de ces personnalités du monde diplomatique (membre de l’Union Européenne) de lancer un jour qu’il n’est point aisé de travailler en partenariat sincère avec le Mali, eu égard aux discours du Premier ministre.
Mais, avec la reprise de fonction du chef du gouvernement depuis bientôt trois mois, la prolixité de l’homme a baissé d’un cran et ses penchants « naturels » aux diatribes semble mis sous éteignoir. D’aucuns estiment que le chef de l’Etat a dû instruire son Premier ministre d’être moins audible, après l’avoir flanqué d’un véritable Premier ministre bis, le ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, chef du gouvernement par intérim durant la période de maladie de Dr Choguel Maïga.
En outre, les nombreuses critiques relatives au caractère « clivant » du PM Choguel ont dû peser dans sa nouvelle posture, où il semble s’imposer une plus grande retenue. Le regroupement politique du Cadre pour un retour à l’ordre constitutionnel avait, à un moment donné, appelé à son départ de la primature afin de le remplacer par un chef du gouvernement « neutre ». Des crises d’alertes que Dr Choguel Kokalla Maïga n’a certainement pas appréciées. Surtout que ces appels ont failli retarder un peu plus son retour en fonctions, le président Assimi Goïta voulant rassembler ses interlocuteurs de la classe politique. Comment cela peut-il en être autrement quand le pays s’approche des échéances électorales et où les appels à l’union sacrée des Maliens se font de plus en plus insistants. Choguel n’a-t-il noté avec intérêt l’adoubement dont son intérimaire, le Colonel Abdoulaye Maïga a fait l’objet à son détriment ? Rien n’est moins sûr ! Sans compter que Dr Choguel Kokalla Maïga est conscient du désaveu dont il fait l’objet au sein de son mouvement politique de cooptation à la primature, le M5-RFP, dont une branche, le M5-RFP Malikua, le boude et le pousse à quitter la tête du fameux « comité stratégique » du mouvement. Une fragilisation qui ne plaide pas forcément à la poursuite de son one man show communicationnel. Gageons que ce réajustement de Choguel Kokalla Maïga II peut aider à un retour de la confiance dans la perspective des prochaines échéances électorales.
Boubou SIDIBE