Le Mali, à travers ses partenaires techniques et financiers notamment l’ONG Water AID, l’ Organisation Internationale World Vision Mali et autres…mène une lutte sans merci contre l’insalubrité de nos établissements de santé et de nos espaces publics. Quoique résolument engagé et appuyé par les partenaires, le Mali patauge toujours devant la porte de l’Objectif du Développement Durable numéro 6 qui veut que l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement soient garantis. Or, qui parle de l’hygiène parle forcément de l’eau. Point d’eau point d’hygiène et bonjour aux maladies dues à l’insalubrité. Face à ce danger qui menace notre existence, nous nous sommes déplacés pour acquérir davantage les propos des uns et des autre sur le sujet.
Nos établissements de santé publics ou privés notamment les hôpitaux, cliniques et cabinets médicaux et même nos établissements scolaires constituent pour nous un hébergement que chacun de nous sans distinction de rang social y séjournera de courte ou longue durée. Si c’est évident que ces lieux publics ou privés tiennent lieu de nos villas de luxe, il n’en demeure pas moins que nous les tenons propres car il y va de la santé pour tous. Soucieux du maintien durable de la santé publique, nous avons approché des agents de santé, des patients et des citoyens libres pour tirer au clair les tenants et les aboutissants d’un environnement sain et comment un lieu malsain pourrait être un facteur de transmission de maladie.
À notre première approche, nous nous sommes déplacés pour rencontrer M. Ousmane Doumbia, Imam de la grande mosquée de Tiakadougou Faraba, qui n’a pas voulu que son identité reste dans l’anonymat. Âgé d’une cinquantaine, l’homme de Dieu nous révèle son calvaire : 《 un jour, ma mère est tombée malade, nous sommes allés au centre communautaire de Faraba qui nous a tout de suite transférés vers Ouelessebougou. Nous avons quitté Faraba vers 17 heures et nous sommes arrivés à 21 heures à Ouélessebougou dû à l’état cahoteux de la route . Pour un trajet de 30 kilomètres s’il faut faire 3 heures, je pense que la population de Faraba a encore du chemin à faire car des vies sont en danger. Arrivés tout épuisés au centre de santé de Ouélessebougou, c’est tout un enfer qui nous attendait. Ma mère n’avait plus de force et ne bougeait guère pour ne pas dire qu’elle vivait les dernières heures de sa vie. Heureusement pour nous, nous avons pu avoir une salle pour ma mère. Las et exténué, j’ai essayé de me laver les pieds et les bras pour me dépoussiérer un peu mais la surprise fut grande…Voilà la voix désespérée et larmoyante d’un homme qui me parle : mon frère, ça fait à peu près 5 jours que nous n’avons pas d’eaux ici, si tu as un frère ou un proche, il faut l’appeler pour qu’il t’apporte de l’eau dans le bidon sinon il y a pas d’eau. Je me suis dirigé vers les latrines car j’avais le besoin pressant de faire mes toilettes pour faire mes prières. Là encore, que du tohu- bohu !! Les WC étaient pleins au même niveau que le plancher. Je n’ai vraiment pu faire mes toilettes. Carence d’eau et état insalubre des toilettes m’ont empêché de me soulager. J’ai été obligé d’aller demander secours dans une famille environnantes 》. A S est une agente au même centre de santé dont nous gardons l’identité dans l’anonymat. Elle nous a avoué que le centre de Ouélessebougou est maintenant doté d’un forage grâce aux efforts de l’État et ses partenaires mais elle concède tout de même que le besoin de l’eau est supérieur à la quantité du point d’eau disponible. Selon elle, le problème d’eau dans le centre de santé conduit souvent à des arrêts de travail car sans l’eau certains travaux ne peuvent pas s’effectuer.
Drissa Sidibé, enseignant du secondaire, domicilié à Kalaban-coura. Il avance : 《 En 2010, j’ai fait un tour au lycée Lassana Sylla, à l’époque mis à la disposition de l’État pour les cours des étudiants de la FLASH. Quand j’ai accompagné ma femme pour son inscription, vers 14 heures, j’ai essayé de me rendre dans les latrines pour pisser. Arrivé aux toilettes, j’ai pratiquement essayé trois WC pour faire mes besoins, mais je n’ai pas pu. Il n’y avait pas d’eau. Je n’avais rien comme eau et par conséquent j’ai été obligé de pisser sans eau. De 2010 à nos jours, le même problème persiste dans l’enceinte dudit lycée. C’est fait à Bamako ici, la capitale malienne. 》 Drissa Sidibé lance un appel à l’endroit de l’Etat et ses partenaires de doubler les efforts pour que l’accès à l’eau puisse être une réalité partout au Mali pour maintenir la santé pour tous.
Oumou Kéïta, femme ménagere à Gouala, dans la commune rurale de Kourouba nous
fait part de ses aventures : 《 Au village ici, le problème d’eau nous coupe le sommeil. C’était un jeudi soir quand j’ai accompagné ma brue qui était sur le point d’accouchement à notre santé de santé, j’ai été obligé de retourner à la maison avec les habits sales de ma brue car il n’y avait aucune goutte d’eau pour assurer ces besoins. Nous demandons à l’État du Mali et aux âmes sensibles de doter notre centre de santé d’un point d’eau pour le bonheur de la population. 》le Centre Hospitalier Universitaire du Pr Bocar Sidi Sall de Kati(CHU BSS de Kati)souffre aussi du même problème, des plaidoyers et des recommandations ont été faits lors de leurs précédentes sessions ordinaires du Conseil d’Administration pour que l’hôpital soit doté de l’eau potable et à la suffisance, a-t-on lors de leur 50eme session ordinaire.
Pour Dr Malle, l’eau et la propreté de l’environnement jouent un rôle crucial dans la prévention et la lutte contre les maladies surtout le paludisme qui fait chaque année des ravages à travers le monde. 《 Nous ne pouvons pas dire que l’État et ses partenaires ne font rien pour la vulgarisation de l’accès à l’eau partout au Mali mais ils doivent doubler les efforts pour qu’au moins tous les établissements de soin sont dotés en quantité et en qualité des sources d’eau pour garantir la santé pour nous tous 》, laisse-t-il attendre avant de souligner qu’ un environnement malsain est un véritable terreau fertile à la prolifération de certaines maladies telles que le paludisme, les infections respiratoires, le trachome, les vers intestinaux, la bilharziose. L’État, accompagné par ses partenaires, autres…mène chaque année des efforts pour maitriser les comportements, promouvoir l’hygiène et l’assainissement des environnements pour maintenir la santé publique. Selon lui, cette hygiène est impossible si l’accès à l’eau n’est pas garanti pour tous.
Au regard de tout ce qui a été dit, force est de constater que le Mali reste toujours en deçà des attentes de l’Objectif du Développement ODD N°6 quant il s’agit de garantir l’accès de tous à l’Eau et à l’Assainissement afin d’assurer la gestion durable des ressources en Eau. Si l’État et ses partenaires se préoccupent de la santé publique, il est vital de rappeler que cela se passe indubitablement par la vulgarisation de l’accès à l’eau potable partout au Mali, chemin que le Mali a du problème à emprunter.
*A noter que la plupart des images sont empruntées.
Youba Doimbia/Malitribune.com