Après le départ de la crème mobilisatrice, intellectuelle et stratège du Mouvement- Rassemblement des forces patriotiques (M5- RFP), une querelle de clocher ravage la coalition hétéroclite qui a donné le coup de grâce au régime du président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020. Depuis plus d’une semaine, les partisans du Premier ministre et ceux de l’imam Oumarou Diarra, ancien ministre, se battent pour le contrôle d’un mouvement incolore, inodore et sans saveur. À qui profite cette guéguerre ?
”Le M5- RFP est mort de sa belle mort”, déclarait un des porte- parole de la coalition hybride qui a précité la fin du régime du président IBK, le 18 août 2020. Ironisé à l’époque par l’opinion publique, les faits lui donnent raison. Après le départ du mouvement politico- religieux, c’est – à- dire la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahamoud Dicko (CMAS), une des forces mobilisatrices du Mouvement- Rassemblement des forces patriotiques (M5- RFP), un acteur clé de la contestation du régime défunt et de l’intelligentsia de la coalition anti- IBK, des figures emblématiques et stratèges qui ont fini par créer M5- RFP Mali Koura, le regroupement politique reste incolore, inodore et sans saveur. Il est écrasé sous le poids d’un Premier ministre qui l’utilise comme un instrument politique pour régler ses comptes avec ses amis d’hier, qui lui ont fait goutter les délices de la démocratie prédatrice.
Si les deux mouvements politiques susnommés ont quitté sans tambour ni trompette le M5- RFP pour continuer le combat avec d’autres forces, tel ne semble pas être le cas du camp opposé aux partisans du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Décidés en découdre avec la tendance du chef du gouvernement qui les a exclus des instances, les hommes de l’imam Oumarou Diarra, ancien ministre, ont mis en place un autre bureau. Réponse du berger à la bergère, le nouveau bureau dirigé par l’imam Diarra exclut à son tour les hommes du Premier ministre, vice- président du M5- RFP. Désormais, la règle est devenue l’exclusion. Et chaque tendance reste figée sur ce qu’elle appelle sa légitimité. C’est à ce cirque que les Maliens assistent depuis plus d’une semaine. Tout est parti d’une réunion au cours de laquelle les opposants au sein du regroupement politique ont été chassés manu militari de la salle de réunion, dit- on sur ordre du Premier ministre Maïga.
La querelle de clocher, qui ravage la coalition hétéroclite, tient en haleine nos concitoyens qui se demandent à qui profite ce désordre à un moment où le gouvernement de Maïga peine à fournir de l’électricité à la population malienne et à satisfaire les autres besoins fondamentaux des Maliens. Ils ne comprennent pas ce regain de tension au sein du M5- RFP qui n’est que l’ombre de lui-même après la sortie des associations comme la CMAS, EMK et Yèréwolo Debout sur le rempart.
Le contrôle du M5- RFP, déjà en lambeau après le départ des figures charismatiques dudit mouvement, contribuera à donner su zèle à des hommes politiques sans saveur, incapables de drainer une mouche sans mettre la main à la poche. Ils se crêpent le chignon pour préserver des intérêts et non pas pour sauver le Mali qui vient de loin.
Yoro SOW