Sumeet Chugh, directeur médical du Centre du rythme cardiaque à l’Institut Smidt Heart du Cedars-Sinai en Californie, a expliqué à l’AFP que ce scénario constitue l’une des nombreuses explications possibles de l’accident subi par le joueur de 24 ans, évoluant en NFL.
Hamlin a été réanimé après un massage cardiaque sur le terrain du Paul Brown Stadium à Cincinnati, lors de ce match de saison régulière de la NFL entre les Bills et les Bengals. Il a ensuite été emmené en ambulance au centre médical de l’Université de Cincinnati, où il reste hospitalisé dans un état critique, dans l’unité des soins intensifs. Il a cependant montré quelques signes d’amélioration de son état de santé au cours des dernières heures.
Avant d’évoquer le phénomène rarissime pouvant être à l’origine de la crise cardiaque de Hamlin, M. Chugh a souligné qu’en l’absence de plus d’informations de la part des médecins, toute explication relève de la « pure spéculation ».
Mais en se basant sur « les circonstances évidentes relatives au plaquage », l’arrêt cardiaque de Hamlin pourrait bien avoir résulté d’une « commotio cordis » (choc sur le coeur).
« Il s’agit d’un cas assez rare où une sorte d’objet contondant doit frapper la poitrine juste au-dessus du cœur, dans une minuscule fenêtre de 30 millisecondes », a détaillé M. Chugh. Cela plonge le cœur dans un « chaos électrique », et au lieu de battre normalement 60 à 80 fois par minute, il s’arrête. Ce qui entraîne une fibrillation ventriculaire, et la plupart du temps, une mort subite.
– 20 à 25 cas par an –
Il fallait donc que l’impact, soit déjà assez violent – ce qui est très souvent le cas dans le football américain -, mais qu’il ait donc surtout lieu pile au bon endroit et à l’instant critique, pour que le drame se produise.
Eugene Chung, professeur de cardiologie à l’Université du Michigan, souscrit au scénario d’une « commotio cordis », bien que « nous n’ayons pas assez d’informations pour affirmer définitivement que c’est la cause ».
Selon M. Chugh, ce type d’accident est le plus souvent causé par un palet de hockey sur glace ou une balle de baseball, mais peut aussi être provoqué après un coup de poing ou de coude. « C’est tellement rare que je dirais qu’il y a 20 à 25 cas aux Etats-Unis par an », a-t-il avancé.
Le précédent le plus connu est celui d’un joueur de la Ligue nationale de hockey, le défenseur Chris Pronger, des Blues de St Louis, victime d’un arrêt cardiaque après un coup de poing reçu à la poitrine, lors d’un match des play-offs en 1998. Le joueur s’est rétabli et a continué à jouer dans la NHL jusqu’en 2012, ce qui lui a valu d’être intronisé au Panthéon de la gloire.
M. Chugh ne saurait toutefois écarter d’autres causes potentielles à l’origine de l’accident subi par Damar Hamlin, comme une malformation cardiaque ou une maladie génétique. « La plupart du temps, lorsqu’il y a un arrêt cardiaque sur le terrain, c’est parce que le sportif a un problème cardiaque », lesquels « peuvent être dépistés de manière relativement efficace ».