De plus en plus, la censure et l’autocensure sont préoccupantes au Mali, car elles peuvent compromettre la libre expression et le débat public, des éléments essentiels d’une société démocratique.
La diversité des opinions est cruciale pour une démocratie saine. Elle favorise un échange d’idées, une compréhension approfondie des problèmes et une prise de décision informée.
Si la censure peut constituer une violation des droits fondamentaux, tels que la liberté d’expression et la liberté de la presse, protégées par des instruments nationaux et internationaux des droits de l’Homme, l’autocensure est un phénomène où les individus limitent volontairement leur propre liberté d’expression par crainte de diverses conséquences. Cette auto censure est dû au fait que les transitions politiques au pouvoir, en particulier celles issues de coups d’Etat, notamment au Mali créent très souvent des environnements moins tolérants envers la critique. A tord ou à raison, pour avoir donné une opinion sur un sujet d’intérêt national, certains ont été inquiétés soit par les pouvoirs publiques soit par des individus « isolés » mais qui laissent croire qu’ils sont proches des tenants du pouvoir, ou sont des soutiens.
Dans un premier lot de ceux qui se sont s’auto censurés au Mali, il y a les professionnels des médias, y compris les journalistes. En effet, depuis l’arrivée des militaires au pouvoir en août 2020, beaucoup d’hommes de médias se sont autocensurés en raison de plusieurs facteurs relevant des « pressions externes ».
Ceux qui ne sont pas dans ce lot, s’autocensurent pour des « raisons de patrie ». Entre défendre la patrie en s’autocensurant et défendre les ennemis de la nation, leur choix est vite fait. Mais toujours est-il que l’auto censure est passée par-là.
Considérés comme étant les grands bavards, les hommes politiques arrivent en seconde position de cette auto censure. Pour avoir pris part à la gestion du pays, ces hommes politiques préfèrent garder le silence au risque qu’ils ne soient inquiétés par la justice.
En sommes, exceptées quelques personnalités courageuses qui donnent leurs avis sur des sujets brulants de l’heure, nonobstant ce qui peut s’en suivre, l’écrasante majorité des politiciens a préféré se taire soit par « peur de représailles professionnelles », soit par la « peur de la désapprobation sociale, de critiques », et éviter les attaques personnelles ou les discours haineux. Toujours sur ce terrain de l’environnement politique, il y a d’autres hommes politiques qui s’autocensurent par peur de représailles gouvernementales.
Une troisième catégorie de personnes, le citoyen lambda a choisi de ne pas exprimer son opinion par crainte de violences physiques ou de représailles.
Un dernier lot, ce sont les religieux. L’on a entendu certains d’entre eux dirent que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire en ces temps-ci. Ceci ne constitue-t-elle pas de l’auto censure ?
Il faut dire que censurés ou autocensurés, les deux concepts peuvent avoir des implications importantes sur la libre expression et le débat public. Elles soulignent la nécessité de créer des environnements où les individus se sentent en sécurité pour exprimer leurs opinions sans craindre des conséquences néfastes. Mais hélas !
Djibril Diallo