Notre pays, après une crise institutionnelle et sécuritaire sans précédent, a connu un changement de régime par un coup d’Etat militaire, le 18 août 2020. la proclamation des élections calamiteuses de 2020, suivies de la détérioration du climat politique et la grogne sociale, ont entrainé un vaste mouvement de contestation populaire, composé de partis politiques, de syndicats, d’organisations religieuses et de la société civile, qui a entrainé la chute du régime d’IBK.
Cette nouvelle situation a conduit notre pays dans une transition dont la finalité est la refondation d’un Mali nouveau par la mise sur pied des bases de la quatrième République. Cela passe inévitablement par l’adoption d’une nouvelle constitution. Si une nouvelle Constitution devrait avoir pour objectif de mieux faire la loi, de mieux répondre aux attentes et aspirations de nos concitoyens, de réconcilier nos compatriotes avec leurs cultures traditionnelles et religieuse, de préserver l’unité nationale, l’intégrité territoriale, et le caractère républicain du pays, nous devons l’aborder positivement. La rédaction d’une nouvelle constitution doit être l’occasion toute indiquée de réécrire l’histoire de notre pays sur une tablette d’or. L’élaboration d’une nouvelle constitution exige l’inclusivité comme socle de sa réussite.
Concernant le Décret de création de la Commission de finalisation du projet de Constitution, nous avons des appréhensions sur deux points : le rejet des religieux dans la composition des instances de décisions d’une part, et la politique de deux poids deux mesures entre les légitimités d’autre part.
C’est avec stupéfaction et amertume que nous (Collectif des Associations Musulmanes du Mali), avions appris de nouveau, un décret portant création de la Commission de finalisation du projet de Constitution du Mali sans aucun représentant des religieux.
A cet effet, nous condamnons avec regret, amertume et avec la dernière rigueur que depuis bientôt un certain moment, notre Communauté est victime d’une marginalisation atroce, d’une exclusion délibérée dans presque toutes les instances de décisions. Nous citerons entre autres : Décret portant désignation des membres du Comité d’Observation Stratégique (COS), de la Commission de Rédaction de la Nouvelle Constitution (CRNC), de l’Autorité Indépendante de la Gestion des Elections (EIGE), et la liste additif des membres du CNT. Nous prenons acte de cette exclusion délibérée dont la Transition serait la seule responsable des conséquences qui peuvent en découler. Car, nous ne serons plus otages ou esclaves d’une constitution copie-conforme certifiée du modèle colonial.
Nous nous inquiétons que des individus aux agendas cyniques et cachés ne prennent en otage la destinée du peuple malien dans la finalisation de ce projet de constitution tout en plagiant la constitution de la métropole.
Nous prenons acte de cette exclusion à dessein dont la Transition serait la seule responsable des conséquences qui peuvent en découler. Car, nous ne serons plus otages ou esclaves d’une constitution copie-conforme certifiée du modèle colonial.
Après, Si la légitimité se définit comme la qualité d’un pouvoir d’être conforme aux croyances des gouvernés quant à ses origines et à ses formes, nous affirmons qu’il existe au Mali deux faitières de légitimités : traditionnelle et religieuse.
Paradoxalement, au nom d’une compréhension exacerbée et erronée d’une laïcité sectaire, agressive, et intolérante ; les autorités de la Transition jouent une politique exclusiviste de deux poids deux mesures. Si l’article 97 de l’avant projet donnait la possibilité aux légitimités traditionnelles de briguer de postes de membre du Haut Conseil de la Nation (Conseillers de la nation= Sénateurs) était une alerte, et ce Décret clos le débat.
A cet effet, nous saisissons l’occasion d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur cette question de marginalisation des religieux, avant qu’il ne soit trop tard. Car, de telle désignation discriminatoire et contreproductive n’est autre qu’une cooptation clientéliste et de partage de pouvoir.
Le Collectif des Associations Musulmanes du Mali informe toutes les organisations et associations musulmanes qu’elle entend rester mobilisée et de répondre au besoin aux appels en tout moment et en tout lieu pour la défense de nos valeurs.
Et pour l’atteinte de notre objectif, nous utiliserons tous les moyens légaux pour nous faire entendre. Car, d’après cet adage « tout ce qui se fait sans toi, se fait contre toi ».
Mohamed KIMBIRI Président du COLLECTIF