Le bureau international du Travail en collaboration avec la coalition nationale pour la ratification de la convention 190 a tenu ce mercredi 27 décembre un forum national sur la violence et le harcèlement dans le milieu du travail. Une rencontre tenue avec différentes organisations faîtières dans le but de lancer un plaidoyer fort pour la ratification de la convention 190. Convention adoptée par les pays afin d’enrayer la violence et le harcèlement dans le milieu du travail.
La cérémonie, certes solennelle a démarré avec des témoignages de personnes victimes de violence dans le milieu du travail. Le bal est ouvert par la présidente des personnes vivant avec un handicap, Yacine Kone. « La première violence est celle liée à l’accès à cette salle (ndlr : la Sorano). Nous avons eu tout le mal du monde pour y accéder. Et malheureusement, c’est la même situation partout. Un jour, je suis partie chercher du travail dans une institution étatique, lorsque le recruteur m’a vue avec mon handicap, il doutait de mes capacités d’abord à accéder aux locaux ensuite à faire le travail comme il se doit. A force d’arguments, j’ai pu le convaincre et il m’a donné la chance de montrer ce que je valais ». En réalité, « la violence et le harcèlement privent les individus de la satisfaction qu’ils tirent de leur travail. Nonobstant les conséquences physiques et psychologiques, ils engendrent des effets sociaux et économiques empêchant les personnes d’entrer, de rester et de progresser sur le marché du travail, réduisant leur qualité de vie et celle de leur famille » d’après l’Organisation Internationale du Travail (OIT). La violence et le harcèlement impactent négativement « les relations de travail et la réputation de l’entreprise compromet la productivité et le développement durable ».
Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), deux groupes sont plus exposés à la violence et au harcèlement dans le monde du travail. Il s’agit des femmes et des personnes vivant avec un handicap. Ces deux franges de la société ont donc été bien représentées au forum de ce mercredi 27 décembre à travers des organisations comme le Réseau National des Femmes Syndicalistes du Sénégal (RENAFESS/CCSS-CSI) ou même le Réseau des Journalistes Engagés dans la lutte contre la Violence et le Harcèlement (REJEV).
« Depuis plus de deux ans, cette coalition mène sans relâche une campagne nationale de sensibilisation et de plaidoyer pour un monde du travail exempt de harcèlement et de violence et pour la ratification de la Convention 190 » a fait savoir Fatim Christian Ndiaye représentante du Bureau International du Travail (BIT) à Dakar au Sénégal.
Cette convention et sa recommandation n°206 se fondent sur la compréhension que la violence et le harcèlement dans le monde du travail constituent une violation des droits humains, nuisent à la santé, à la dignité et à l’environnement familial et social de la personne. Elle adopte une approche inclusive et soucieuse de l’égalité des sexes, et propose des mesures de protection, de prévention, d’application, d’orientation et de formation. Ledit texte reconnaît expressément le droit de toute personne à un monde du travail exempt de violence et de harcèlement, une première en droit international, et énonce l’obligation de respecter, promouvoir et réaliser ce droit.
La coalition milite donc pour un renforcement de l’arsenal juridique du Sénégal avec ce texte. Devant le représentant du ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions, Ibrahima Diallo, Fatim Christian Ndiaye a donc fait appel à l’Etat du Sénégal. « Nous savons compter sur la diligence et l’engagement du ministère du Travail pour appuyer la ratification et l’application de la convention 190 qui doit permettre aux femmes et aux hommes de bâtir un monde du travail exempt de violence et de harcèlement ». Un appel que Ibrahima Diallo a promis de transmettre à qui de droit.