Le satellite que Moscou pourrait remettre au Mali contribuera à la sécurité du pays, explique auprès de Sputnik Afrique l’analyste politique malien Adama Diabaté. Plusieurs autres domaines, de l’accès à Internet à l’agriculture, en bénéficieront. Il prône par ailleurs le programme spatial du Mali.
Le mémorandum d’entente que le Mali a signé avec la Russie concernant la mise en fonctionnement d’un satellite est un “événement historique” qui touchera plusieurs domaines, assure auprès de Sputnik Afrique Adama Diabaté, spécialiste malien en géopolitique, enseignant-chercheur à l’Institut universitaire de gestion (IUG), directeur adjoint à l’Institut universitaire pour le développement territorial (IUDT).
Le satellite russe fonctionnant pour le compte du Mali aidera l’armée, explique-t-il. L’opérateur français Orange a coupé ses communications “et en cas d’attaque, nos gens rest[aient] sans contact, sans communication”. Par contre, avec le satellite, “n’importe où que nos troupes se trouvent, on aura des oreilles, on aura des yeux”.
De plus, il permettra d’”avoir une surveillance 24 sur 24″ du territoire malien, “de voir les mouvements des ennemis de la nation, de mieux cerner les malversations de ces groupuscules qui dérangent la quiétude de la population”.
“Dans ce sens, cela a une valeur sécuritaire incommensurable”, résume l’expert.
Un autre domaine, l’agriculture, bénéficiera également de la mise en orbite du satellite:
“Ce serait un pas historique dans le développement de notre pays. Par exemple, vous êtes à Kidal et je vous appelle et je vous donne des instructions comment vous devez utiliser vos engrais, vos fertilisants, comment vous devez semer, ce serait un pas colossal dans le développement de notre agriculture”.
Rapprochement avec la Russie
La coopération avec Moscou est bénéfique, avance Adama Diabaté.
“On me disait il y a trois ans que je rêvais, quand je demandais à ce qu’on s’approche de la Russie, que c’est la Russie qui peut honnêtement travailler avec nous, et que la coopération avec la Russie était plus rentable qu’avec l’Occident. Mais aujourd’hui ça vient comme une confirmation de mes mots”, développe-t-il.
Selon lui, “le Mali sera suivi par beaucoup d’autres pays africains qui ont les mêmes problèmes”.
Programme spatial
Pour l’analyste, le Mali devra se doter de son propre programme spatial.
“Dès que j’ai les premiers échanges avec nos autorités, je vais beaucoup insister sur le lancement de notre programme spatial, qu’on le commence maintenant et le plus vite possible”, promet-il.
“Mieux vaut maintenant s’occuper de ces sphères d’activités scientifiques qui ne sont pas encore ébauchées chez nous. Et avec de tels échanges, de tels mémorandums, ça va donner du courage et un coup de pouce et un coup d’éveil à nos autorités pour entamer ces sphères d’activités”, poursuit Adama Diabaté.
Le mémorandum d’entente qui prévoit la mise à la disposition du Mali d’un satellite russe pour couvrir les besoins en sécurité, télécommunication et autres secteurs favorisant son développement a été signé à Moscou à la mi-novembre. La délégation malienne était conduite par le ministre de l’Économie et des Finances Alhousseini Sanou. Le côté russe était représenté par Glavcosmos, filiale de l’agence spatiale Roscosmos.