Liliane Murekatete et Marie Thérèse Mukamitsindo, épouse et belle-mère du député Aboubakar Soumahoro, devront répondre ce vendredi devant la justice italienne de graves infractions dans la gestion des centres d’accueil de migrants qu’elles dirigeaient.
Liliane Murekatete et Marie Thérèse Mukamitsindo sont accusées de délits qui vont de la fraude fiscale à la maltraitance de migrants en passant par la faillite frauduleuse. Sur 28 millions d’euros de fonds publics versés, entre 2017 et 2022 à leur coopérative Karibu, pour les migrants dont des mineurs non accompagnés, une bonne part aurait été utilisée par les deux femmes à des fins personnelles.
Il est question notamment de bijoux, de vêtements griffés, d’hôtels luxueux ou encore de copieux investissements au Rwanda, leur pays d’origine. Selon les enquêteurs, « les hôtes des centres d’accueil, vivaient dans des conditions lésant gravement leur dignité ». Les deux femmes sont assignées à résidence depuis le 30 octobre. Le juge d’instruction du tribunal de Latina, au sud de Rome, les interrogera ce vendredi 3 novembre dans le cadre de l’audience préliminaire. Aboubakar Soumahoro, un des rares politiques de couleur en Italie et célèbre pour sa lutte contre l’exploitation des travailleurs migrants, n’est pas impliqué juridiquement dans cette affaire familiale. Mais il est dans le viseur de l’extrême droite et de certains médias. Le vice-Premier ministre et chef de la Ligue, Matteo Salvini, estime « encore plus inconcevable que la gauche l’ait choisi comme le porte-drapeau de ses batailles pro-migrants ». Tandis que, le quotidien économique Il Sole 24 Ore s’interroge : « Comment n’a-t-il pas pu être à connaissance de l’argent public qui transitait sur les comptes de son épouse Liliane ? »