Alors que trois sur les treize candidats en lice pour la présidentielle malgache ont démarré leur campagne, l’ONG Transparency International Initiative Madagascar, qui compile les informations pour estimer les dépenses de campagne des candidats, a dénoncé les sommes faramineuses engagées par les deux grandes figures de cette campagne totalement atypique.
D’après l’enquête menée par la cellule du suivi des élections de Transparency International, les candidats Andry Rajoelina et Siteny Randrianasoloniaiko ont sans doute plus de points communs qu’ils ne le souhaiteraient. Selon le coordonnateur de cette cellule Vatsy Rakotonarivo, le principal, c’est d’abord leur manière de faire campagne coulée « dans le même moule » : « C’est-à-dire des déplacements en hélicoptère ou en jet privé, une grande scène avec une sonorisation gigantesque et des artistes de renommée, et des distributions massives de vêtements à leur effigie. »
L’étude menée par des dizaines d’enquêteurs répartis sur tout le territoire souligne ces trois semaines de meetings aux coûts faramineux. « Chacune des deux figures principales a dépensé, selon nos estimations les plus basses, environ 3 milliards d’ariary, soit à peu près 700 000 euros, ce qui est énorme pour un pays comme Madagascar. Derrière tout ça, il y a une opacité du financement. D’où vient l’argent ? Et est-ce que la principale priorité du vainqueur, une fois élu, ne sera pas de rembourser cette somme-là ? On ne sait pas. Autre chose qui est marquante dans cette étude-là, c’est que le candidat Siteny a dépensé en seulement une semaine de meetings – puisqu’il est entré tardivement en campagne – presque l’équivalent de ce qu’a dépensé Andry Rajoelina en trois semaines de campagne, selon toujours nos estimations. »
Dénégations
Interrogé, le candidat Siteny rétorque faire campagne en respectant les règles : « Notre trésorier et notre directeur financier travaillent conformément à la loi. Ce n’est pas le bon moment pour présenter des rapports, puisque nous sommes au beau milieu de la campagne, mais nous ferons preuve d’une transparence totale après la campagne », assure le candidat numéro 13.
Concernant la provenance des fonds, il affirme avoir « investi toute [sa] fortune personnelle dans ce projet. Les personnes qui ont confiance en moi et en mon projet ont également fait des dons et me soutiennent. Comme la violence augmente à Madagascar, pour la sécurité de tous, je ne souhaite pas divulguer d’autres détails. Néanmoins, j’assure une fois de plus que je ne bénéficie d’aucun soutien en provenance de la Russie » conclut l’élu de Tuléar.
Transparency International regrette de son côté de voir se répéter à nouveau les mêmes « pratiques néfastes qu’en 2018 et 2013 ».