La junte birmane a perdu le contrôle d’une ville stratégique à la frontière chinoise, à la suite des combats contre une alliance de trois groupes ethniques armés, a déclaré un porte-parole du gouvernement militaire.
« Le gouvernement, les organisations administratives et les forces de sécurité ne sont plus présentes » à Chinshwehaw, qui borde la province de Yunnan, a indiqué Zaw Min Tun, dans un message enregistré mercredi soir 1er novembre. Le porte-parole du gouvernement militaire birman a accusé les opposants armés de « faire sauter les sources d’électricité, les ponts, et de détruire les routes de transport ». De violents combats ont éclaté la semaine dernière dans cette région stratégique, qui abrite notamment un projet de TGV à plusieurs milliards de dollars dans le cadre de la politique des « nouvelles routes de la soie » promue par Pékin.
Les affrontements ont eu lieu dans dix différents endroits du nord de l’État Shan, dans le nord du pays, lors des six derniers jours, a poursuivi Zaw Min Tun, sans donner de précisions sur le nombre de victimes. L’Armée de libération nationale Taaung (TNLA), l’Armée d’Arakan (AA) et l’Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA) ont monté une alliance capable de mobiliser au moins 15 000 hommes, selon des analystes. Ils ont annoncé avoir pris le contrôle de plusieurs positions militaires, ainsi que de routes stratégiques pour les échanges avec la Chine, le principal partenaire commercial de la Birmanie.
La junte a procédé de son côté à des frappes aériennes, selon un porte-parole d’un groupe armé ethnique. Le MNDAA a diffusé dès lundi des images de ses soldats occupant Chinshwehaw. Plus de quart des échanges entre la Birmanie et la Chine entre avril et septembre, évaluées à 1,7 milliard d’euros, a transité par cette petite ville, selon des données officielles relayées en septembre par un journal d’État.
Les affrontements ont provoqué le déplacement de plus de 6 000 personnes, ont alerté lundi les Nations unies, et plusieurs centaines auraient fui en Chine. Les trois groupes armés ont évoqué des dizaines de blessés, tués et capturés dans les rangs de la junte. Les experts ont alerté sur la fiabilité des données issues des camps belligérants, qui pourraient être tentés de les manipuler à la hausse ou à la baisse. Ces groupes combattent le pouvoir central depuis plusieurs décennies, autour du contrôle des ressources naturelles et de l’autonomie politique de l’État Shan.
La Chine appelle à un cessez-le-feu
Les violences inquiètent la Chine voisine, l’un des derniers pays à entretenir des liens soutenus avec une junte birmane, isolée sur la scène internationale, à qui elle fournit des armes. Pékin a également maintenu des liens avec certains groupes ethniques armés de la région birmane frontalière, où habitent des communautés ethniques chinoises qui utilisent des cartes SIM chinoises. Pékin a d’ailleurs appelé ce jeudi à un cessez-le-feu immédiat. La Chine « exhorte toutes les parties à cesser immédiatement le feu et les combats », a déclaré lors d’un point presse régulier Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, les appelant à résoudre leurs différends « par des moyens pacifiques ».
Le ministre chinois de la Sécurité publique a rencontré mardi le chef de la junte Min Aung Hlain dans la capitale Naypyidaw. Ils ont discuté des attaques d’opposants armées qui constituent des « tentatives pour détériorer la paix et la stabilité dans la région », selon un journal d’État.
Le pays d’Asie du Sud-Est est en proie à un violent conflit civil depuis le coup d’État de février 2021 qui a délogé du pouvoir la dirigeante civile Aung San Suu Kyi.
(Avec AFP)