Il ne fait l’ombre d’aucun doute que celui qui fut l’autorité morale du Mouvement insurrectionnel, M5 RFP, l’Imam Mahmoud Dicko, puis que c’est de lui qu’il s’agit, sans la contribution qualitative duquel ni le CNPS encore moins les hommes politiques, n’allaient jamais avoir le dessus sur le régime IBK, est aujourd’hui en guerre ouverte contre le régime transitoire. Son mouvement, la CMAS envisage même de battre le macadam le vendredi 13 octobre 2023 pour demander la mise en place d’une transition civile, mais aussi et surtout pour apporter son soutien aux forces de défense et de sécurité dans leur noble et régalienne mission de défense de l’intégrité territoriale et de protection des populations et leurs biens sur toute l’étendue du territoire national. Faut-il s’attendre désormais à un bras de fer entre la CMAS de l’imam Dicko et les autorités actuelles ? Le contexte d’insécurité et de guerre ouverte dans lequel se trouve le Mali, une marche, fut-elle pacifique, est-elle la bienvenue? Quelle posture le pouvoir doit-il adopter en pareille circonstance ?
Les autorités de la transition en décidant de reporter légèrement la seule élection qu’elles envisagent d’organiser, à savoir la présidentielle, ont fait sans nul douter monter le mercure politique, au point que les opposants à la prolongation sont vent debout et comptent s’y opposer par tous les moyens légaux. Si certains partis et mouvements politiques se contentent pour l’instant d’un communiqué de condamnation et d’opposition, la CMAS passe à la vitesse supérieure en projetant une marche pacifique dite patriotique le 13 octobre 2023. Les partisans de l’Imam Dicko entendent manifester pour exprimer leur opposition au maintien de l’actuel régime au-delà de 2024, car pour eux le Mali ne peut s’éterniser dans une période exceptionnelle et qu’après trois ans de transition militaire, il faut envisager une autre dirigée par les civils. Pour mobiliser le maximum de citoyens à manifester à leurs côtés ils ont ajouté à leur motif principal celui de l’armée qui se bat au front au prix d’énormes sacrifices, contre les ennemis de la paix et de la stabilité.
Faut-il s’attendre désormais à un bras de fer entre la CMAS de l’imam Dicko et les autorités actuelles ?
Pour rappel depuis la rectification de la transition, celle qui a permis au Colonel Assimi Goita de renverser le tandem Bah N’Daou et Moctar Ouane, respectivement Président et Premier ministre de la transition, le torchon ne fait que brûler entre l’imam Mahmoud Dicko et le régime actuel. L’imam Mahmoud Dicko ne semble pas s’accommoder du traitement que les autorités actuelles sont en train de lui infliger, alors même qu’elles lui doivent leurs postes et privilèges. Désormais l’ancienne autorité morale du M5 RFP est en guerre ouverte et totale contre le régime du colonel Assimi Goita et nul ne pourra prédire l’issue de ce combat de titans. Le bras de fer est déjà engagé et chaque camp voudrait bien en découdre avec l’autre, mais tout le mal que l’on puisse souhaiter aux autorités actuelles c’est de ne jamais aller en affrontement contre leur bienfaiteur Imam Dicko et surtout de s’entendre avec lui afin d’éviter un conflit aux conséquences incommensurables.
Le contexte d’insécurité et de guerre ouverte dans lequel se trouve le Mali, une marche, fut-elle pacifique, est-elle la bienvenue?
Si l’un de principes sacrosaints de la démocratie est la liberté d’expression dont la manifestation est l’un de ses piliers, alors la CMAS est dans ses droits de battre le pavé si elle n’est pas d’accord avec une situation ou une posture et cela même en période difficile. Donc le principe de la marche ne souffre d’aucune illégalité, maintenant ce qui parait malsain pour certains c’est la période et surtout le contexte de guerre dans lequel se trouve le Mali. Les partisans de l’Imam ne semblent pas être convaincus par cet argumentaire, ils rétorquent même en disant que certains Russes ont manifesté en plein conflit Russo- Ukrainien pour exprimer leur opposition à la guerre, donc pour eux la guerre ne saurait être un prétexte pour prendre en otage tout un pays et museler toutes les voix divergentes. Les partisans de Dicko disent également ne pas comprendre pourquoi le Collectif pour la défense des militaires, CDM, un mouvement proche du régime, projette d’organiser une contre marche le même jour, à la même heure et au même lieu ? Le risque d’affrontement n’est-il pas plausible ?
Quelle posture le pouvoir doit-il adopter en pareille circonstance ?
Face à la montée du mercure politique, engagées dans une guerre contre les groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation et aculées par les terroristes, les autorités n’auront d’autre choix que de prendre langue avec les partis politiques afin de parvenir à un compromis dynamique pour apaiser le front politique. Sinon ni répression encore moins intimidation ne sauraient être la bonne recette pour faire taire les acteurs politiques. La meilleure manière de pacifier le front politique c’est d’impliquer tous les acteurs à la prise de décision politique et le plutôt serait le mieux.
En définitive, ne pas reconnaitre le rôle très important joué par l’imam Mahmoud Dicko dans l’avènement du régime actuel au pouvoir c’est faire preuve d’ingratitude. Les autorités ne doivent pas le jeter à la poubelle comme un papier quel que soit son comportement.
Youssouf Sissoko