Dans le sillage de l’escalade de tensions diplomatiques entre le Mali et la France, Air France a annoncé la suspension de ses vols à destination de Bamako jusqu’à la fin du mois d’août. Dans la foulée, les autorités maliennes ont enfoncé le clou en suspendant l’autorisation d’exploitation du transporteur français pour toute la saison d’été. Soit jusqu’en octobre. Une situation déplorable dans laquelle les centaines de passagers lésés traversent un moment de forte turbulence.
De jour en jour, les tensions montent de plusieurs crans entre les autorités maliennes et françaises. Et tel un effet de domino, les entreprises, représentants, voire ressortissants des deux pays se sentent impliqués. Les deux derniers cas en date sont la suspension réciproque de visas et celle de la desserte des deux capitales par la compagnie aérienne Air France.
Intiment liés la suspension de visas et des vols entre les deux pays ont de fortes répercussions négatives sur les ressortissants de ces deux pays qui se regardent en chiens de faïence.
Ce vendredi 18 août, soit une dizaine de jours après la mesure prise par Air France, le constat était encore visible devant le siège de la compagnie française à Hamdallaye ACI 2000 de Bamako. C’est une véritable longue file qui faisait la queue pour pouvoir accéder aux locaux du transporteur aérien dans l’optique de mieux se renseigner afin de pouvoir prendre les mesures qui s’imposent. Car selon certains passagers, impossible de se renseigner à distance.
“La compagnie ne répond pas aux mails et décroche à peine les appels téléphoniques”, nous a soufflé une passagère désemparée. “Je suis venue à Bamako pour les vacances avec deux enfants et le retour devient compliqué. On devait retourner en France le 16 août, mais nos billets ont été reprogrammés au 25 août puis au 1er septembre. Là je suis venue pour essayer de changer de compagnie pour le retour sinon payer de nouveaux billets me coûtera énormément cher”, a-t-elle ajouté tout en craignant pour son boulot qu’elle devait reprendre le 22 août.
Et à notre passage ce samedi, cette dernière n’était pas sûre d’accéder au siège en raison du nombre important de personnes qui faisaient la queue. A 11 h 20, la 38e personne d’une liste de plus de 200 personnes faisait son entrée au siège d’Air France qui, avec ses 7 vols dans la semaine, transporte plus d’un millier de passagers par semaine à destination de Bamako.
Dans la foule, des passagers de tout âge composés de vieillards, jeunes et femmes allaitantes avec leurs bébés s’inscrivaient sur une liste ouverte, à leurs dires, depuis 2 h du matin.
Et dans un brouhaha indescriptible, les suspicions de tricherie et de favoritisme ne manquaient pas. Fréquemment deux volontaires censés maintenir l’ordre, l’un chargé de dresser la liste, l’autre d’appeler l’ordre de passage, se faisaient copieusement réprimander par d’autres passagers estimant être lésés au profit de quelque d’autre.
Après des échauffourées et l’intervention des policiers, le calme revient et l’appel reprend son cours avant d’autres prises de bec avec les agents de sécurité privée placés à l’entrée du siège. Ambiance électrique au dehors sans savoir ce qui se passe réellement à l’intérieur du bâtiment où la solution proposée n’est pas la plus satisfaisante. Car impossible de rallier Paris via Bamako durant tout le reste de ce mois d’août.
Or aller prendre un autre vol pour Paris dans un pays voisin n’est pas à la portée de tous ces passagers d’autant plus qu’il manque de place dans les avions des autres compagnies desservant Bamako-Paris. “Je viens pour modifier le point de départ pour mon billet. Comme ça je vais prendre un autre vol soit à Abidjan, à Lomé ou à Dakar pour rallier Paris sinon si on demande le remboursement d’un billet partiellement utilisé ça n’a pas de sens car l’argent qu’on nous rembourse ne représente pas grand-chose et des fois ça peut prendre des mois avant qu’on rentre en possession”, a expliqué un passager visiblement nanti.
Comme ce dernier l’envisage, la meilleure solution pour ne pas dire l’alternative est d’aller prendre un autre vol à destination de Paris dans un autre pays. Pour cause, approchées par nos soins, plusieurs agences de voyages indiquent que les prix des billets ont “fortement augmenté et qu’il n’y en a quasiment plus.
“Nous sommes à la période de haute saison, c’est-à-dire la période des vacances. A cette période les billets sont d’ordinaire chers et cette année la situation d’Air France a aggravé la situation. Pour cette raison, il n’y a plus de place sur les vols à destination de Paris au départ de Bamako”, nous a fait savoir Yennenga Voyages. Et à Azur Voyages, l’on ne dit pas le contraire.
Malgré nos tentatives d’avoir la version d’Air France sur la question, nous sommes restés sur notre faim. A l’accueil de la compagnie, le réceptionniste nous informe que “les employés n’ont pas reçu mandat de se prononcer sur le sujet aux médias”.
A Cissouma