Plusieurs centaines de migrants éthiopiens ayant tenté de pénétrer en Arabie saoudite depuis le Yémen auraient été tués depuis l’an dernier par les gardes-frontières du royaume, a dénoncé ce lundi l’ONG Human Rights Watch. « Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière reculée, à l’abri du regard du reste du monde », a déclaré dans un communiqué Nadia Hardman, spécialiste des migrations au sein de l’organisation.
Selon elle, le « meurtre généralisé et systématique » de migrants éthiopiens par le royaume wahhabite pourrait constituer un crime contre l’humanité. Pour Nadia Hardman, les « milliards dépensés » dans le sport et le divertissement « pour améliorer l’image de l’Arabie saoudite » ne devraient pas détourner l’attention de « ces crimes horribles ». Les ONG accusent régulièrement Ryad d’investir dans les grands événements sportifs et culturels pour détourner l’attention des graves violations des droits humains et de la guerre au Yémen, où l’armée saoudienne est impliquée.
430 migrants éthiopiens tués en 2022 par « des tirs d’artillerie », selon l’ONU
Selon des témoignages de réfugiés recueillis par Human Rights Watch, les forces de sécurité saoudienne auraient fait usage d’« armes explosives » et de tirs à bout portant sur des Éthiopiens, leur demandant « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ». L’ONG relate des scènes d’horreur, des « femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts ».
« Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie », témoigne une migrante éthiopienne de 20 ans, citée par Human Rights Watch. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », raconte l’exilée, qui « n’a pas pu l’aider parce qu’on courrait pour sauver nos propres vies ».
L’ONG a appelé Ryad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations. En 2022, les Nations Unies avaient fait état d’« allégations préoccupantes » selon lesquelles « des tirs d’artillerie transfrontaliers et des tirs d’armes légères par les forces de sécurité saoudiennes ont tué environ 430 migrants » dans le sud de l’Arabie saoudite et le nord du Yémen.