Ce n’est plus qu’un secret de polichinelle pour les Maliens avisés que le centre du pays est meurtri par de multiples attaques terroristes. Une crise perdure depuis sous le régime d’IBK. Les cris de détresse de ces braves populations ne cessent de troubler le sommeil des autorités maliennes. Cependant, jusqu’ici les plans sécuritaires mis en place pour la protection de ces populations et leurs biens restent toujours inefficaces. Les attaques criminelles continuent malgré la montée en puissance de l’armée. Le peu de répit qu’ont les pauvres populations est dû à la bravoure de la milice des chasseurs traditionnels appelés « Dana Ambassagou » qui sacrifient leurs vies pour éviter la disparition totale de leur terroir. C’est désormais une lutte permanente pour la survie d’une société bouleversée par des menaces et crimes que mènent ces hommes.
Les populations sur place vivent permanemment dans la psychose et assistent impuissamment aux massacres, ont décidé de rejoindre les grandes villes pour sauver leur vie. Faut-il rappeler ? L’histoire des attaques atroces qui ont ravagées des villages du centre causant beaucoup de pertes en vies humaines et en matériels sous le régime IBK. Malgré sa chute, l’insécurité demeure toujours le maître du jeu sous un régime militaire ? Les villages comme koulogon, Ogossagou, Diallassagou, Deguessagou, Dianwelli, Kani Bonzon et autres dans la région de Bandiagara ont tous été victimes des attaques terroristes dévastatrices.
La triste réalité, les populations n’arrivent plus à cultiver pendant l’hivernage ou à se rassembler dans les marchés en toute quiétude. Les écoles restent fermées et les menaces terroristes pèsent sur leurs têtes telles l’épée Damoclès. Finalement, la seule voie qui s’ouvre, c’est de partir loin, c’est de fuir et de ne plus regarder en arrière. C’est d’affronter la misère et famine. Que c’est triste d’abandonner la terre de ses ancêtres ! Ainsi les villages en agonie se vident-ils tristement de leurs populations.
Les populations affolées et meurtries
Récemment, nous avons été encore attristés de voir sur les réseaux sociaux des vidéos sur le déplacement massif des populations de Bodio. Il s’agit d’un village situé à une dizaine de kilomètres de Bandiagara qui a été sauvagement frappé par une attaque terroriste dans la soirée du 05 août 2023 et qui aurait provoqué 17 morts et des blessés. Les populations sommées de quitter le village dans un bref délai sous la menace des individus sans foi ni lois. Dans l’une des vidéos, on peut visiblement regarder des gens quitter le village incendié avec leurs bagages et bétails. En plus, on peut entendre une voie masculine dire en langue dogon puis bambara : « Nous allons emporter les bétails au second tour du camion. Nous n’avons pas le choix wallaye ! Il n’y a rien à faire, c’est devenu grave. Faites-nous des bénédictions. C’est un village qui se vide comme ça. ». Dans une autre courte vidéo faisant le tour des réseaux sociaux, on constate des gens en train de charger des bagages dans un camion pour rejoindre les grandes villes où l’on entend encore une voix masculine : « C’est Bodio qui se vide de sa population le 06 huitième mois 2023, vous voyez les éléments, que Dieu nous aide ! (…) aujourd’hui, le Mali est à ce niveau…c’est la situation de Bodio. Vous voyez tout (en montrant les femmes et enfants tristement arrêtés à côté des bagages), Que Dieu nous aide tous ! »
C’est le sauve-qui-peut dans la région de Bandiagara. Les rescapés de ces événements malheureux grandiront les camps de réfugiés et seront sans doute exposés à la famine et toutes formes d’humiliations. Tous les Maliens le savent, la vie est chère dans les grandes villes.
L’espoir semble se dissiper
Durant cette crise sécuritaire qui sévit au centre, des associations de jeunes ont mené plusieurs actions fortes telles que les communiqués de dénonciations et d’interpellations à l’endroit des autorités régionales et nationales. Elles ont engagé des manifestions comme les marches, meetings, la fermeture de la RN 15. Cette démarche n’a servi à rien concrètement étant donné que le centre surtout la région de Bandiagara continue à brûler et mourir. L’espoir semble se dissiper, l’horizon est complément bouché et aucune perspective n’est disponible vu que les mesures prises pour garantir la sécurité des populations n’ont jusqu’ici pas porter de résultats escomptés. Des innocents et paisibles villageois sont lâchement assassinés et brûlés.
Pendant que les maliens du centre sont en deuil et plusieurs ménages sont exposés à la misère, à l’humiliation, au massacre, Bamako est déconnecté de la réalité. Ce sont des conflits de poste, le soutien à telle personnalité et la prorogation de la transition qui se disputent les salons, dans les rues et les réseaux sociaux.
Une page triste de l’histoire des populations du centre est en train d’être rédigée actuellement faute aux bandits armés non identifiés qui y règnent en maîtres. Le devoir s’impose aux autorités de la transition de maintenir la sécurité au centre, l’une des raisons de leur prise de pouvoir et de l’achat des nombreux équipements militaires. Les Maliens du centre ont besoin d’aide sécuritaire et alimentaire en ce moment.
Adama SAGARA