Bamako alerte sur les conséquences catastrophiques d’une intervention militaire au Niger. Il cite en exemple les déploiements militaires dans les pays voisins, ainsi qu’en Irak et en Libye. Le chef de la diplomatie malienne a aussi dit ne pas “comprendre que la CEDEAO puisse disposer d’une force militaire pour aller rétablir des autorités déchues”.
Une intervention militaire au Niger de l’organisation des États ouest-africains pour rétablir le pouvoir du président Mohamed Bazoum pourrait être “une catastrophe”, a prévenu lundi à Bamako le chef de la diplomatie malienne, opposé à un recours à la force contre les militaires au pouvoir à Niamey.
“La force militaire qui a été utilisée dans d’autres pays voisins ou dans d’autres contrées, on en voit les résultats. C’est une catastrophe”, a déclaré le ministre Abdoulaye Diop en présence de son homologue burkinabè Olivia Rouamba lors d’un événement visant à approfondir les relations bilatérales entre les deux pays.
“L’Irak a été envahi pour apporter la démocratie. Vingt ans après, (le pays) se cherche. La Libye… on peut citer encore” d’autres États, a dit M. Diop, en allusion au chaos politique et sécuritaire dans ce pays nord-africain après une intervention internationale ayant provoqué la chute du régime de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi.
“Le Burkina comme le Mali, nous nous opposons à toute idée d’une ingérence ou d’une intervention militaire extérieure pour répondre à des problèmes politiques internes”, a dit M. Diop.
Il a dit ne pas pouvoir “comprendre que la CEDEAO puisse disposer d’une force militaire pour aller rétablir des autorités déchues” au Niger et que “nous n’ayons jamais reçu une kalachnikov (un fusil d’assaut) pour nous aider” contre les attaques “jihadistes”.
Crise au pays
Le Niger est plongé dans une crise majeure depuis un coup d’État militaire ayant renversé le 26 juillet le Président Bazoum.
Le coup d’Etat a été condamné par l’ensemble des partenaires occidentaux du Niger et la plupart des pays africains, mais les militaires nigériens ont reçu le soutien de leurs homologues du Mali et du Burkina Faso – également arrivés au pouvoir par des coups d’Etat en 2020 et 2022 et eux aussi confrontés à la violence jihadiste – qui affirment qu’une intervention au Niger serait une “déclaration de guerre” à leurs deux pays.
La perspective d’une intervention armée suscite inquiétudes et critiques. Samedi, les sénateurs du Nigeria, poids lourd de la CEDEAO avec ses 215 millions d’habitants et qui partage une frontière de 1.500 km avec le Niger, ont appelé le président Bola Tinubu à “renforcer l’option politique et diplomatique”.
La CEDEAO et les pays occidentaux réclament un retour à l’ordre constitutionnel et la libération du président Bazoum, retenu prisonnier.