Les États-Unis ont toujours considéré l’Afrique comme le “continent oublié”, a estimé le consultant géopolitique américain David Oualaalou auprès de Sputnik, à l’occasion du sommet États-Unis-Afrique. Washington n’a jamais eu de politique concrète à son égard et tente maintenant d’y exercer sa puissance pour “contrer la Chine et la Russie”.
Les États-Unis perdent le continent africain qui s’allie plutôt avec la Russie et la Chine, a estimé auprès de Sputnik un consultant géopolitique américain.
Selon David Oualaalou, qui est aussi ancien analyste de la sécurité, ils sont “très inquiets” du fait qu’une grande partie des pays africains se sont prononcés contre eux et en faveur de la Russie.
“Cela a envoyé un signal fort à Washington qu’il est en train de perdre le Sud global. Et c’est pourquoi ils voulaient en quelque sorte leur faire plaisir en [proposant] de devenir membres du G20. Vous savez, les Africains s’en fichent”, a déclaré M.Oualaalou.
En effet, Joe Biden a fait part de son intention de proposer à l’Union africaine, composée de 55 pays, de rejoindre le G20. Aujourd’hui, seule l’Afrique du Sud en est membre. Pour l’heure, aucune déclaration officielle n’a été faite en marge du sommet États-Unis-Afrique qui se déroule du 13 au 15 décembre.
Selon l’analyste, les États-Unis ambitionnent d’y exercer leur influence. Cependant, pour lui, “nous n’ayons jamais eu de politique au départ; l’Afrique a toujours été en quelque sorte le continent oublié”.
Faute de stratégie, Washington semble traîner derrière Moscou et Pékin qui renforcent leurs partenariats avec les pays africains: “Donc pour nous, aux États-Unis, nous parlons beaucoup, mais nous n’agissons pas”, note M.Oualaalou.
Présence chinoise
À titre d’exemple de contrepoids, il est revenu sur les investissements chinois faits depuis plus d’une décennie:
“L’Afrique est considérée comme le plus grand partenaire commercial de la Chine depuis 2009. J’ai suivi cela au fil des ans. Son commerce total a atteint environ 250 milliards de dollars dans la dernière recherche que j’ai examinée. Et c’était en 2021”.
Puis, il a aussi mentionné la base navale chinoise construite à Djibouti, grâce à laquelle Pékin serait en mesure de contrôler le transit de marchandises par l’océan Indien. Un parcours stratégique car un quart des marchandises mondiales transitent par ces eaux, d’après lui.
Enfin, c’est maintenant ce pays asiatique qui puise dans les ressources de l’Afrique, poursuit l’analyste. Pékin manifeste son vif intérêt pour l’Ouganda, où a été découvert l’été dernier un immense gisement d’or. Selon les premiers calculs, sa valeur est estimée à 12 trillions de dollars.
“Bien sûr, il n’a pas encore été extrait, mais déjà les Chinois s’en mêlent parce que nous savons tous ce qu’il va se passer avec le système monétaire, compte tenu de ce que le Président russe vient d’annoncer sur la vente de pétrole contre de l’or”, a ajouté M.Oualaalou.
Pour résumer les projets américains envers le continent noir, l’analyste conclut que “cette politique […] n’est rien d’autre qu[‘une opération pour] contrer la Chine et la Russie”.