Le Premier ministre de la transition a tenu, dimanche 16 juillet, un discours qui fait l’objet de critiques au Mali. Choguel Maïga a évoqué l’impact des propos populistes, suscitant des réactions au sein des critiques de la Transition malienne. Le politologue Oumar Berté y voit une « attaque frontale » du Premier ministre contre les colonels au pouvoir.
« Tous ceux qui nous soutiennent aujourd’hui, s’ils n’ont pas à manger demain, sont les mêmes qui vont prendre des cailloux pour nous renvoyer. Les discours patriotiques et nationalistes peuvent tenir un an, deux, trois ans. (…) Sur la durée, c’est l’économie qui tient. » Ces propos ne sont pas ceux d’un opposant aux autorités maliennes de transition, mais bien ceux du Premier ministre malien de transition. Choguel Maïga les a tenus dimanche 16 juillet à Mopti, à l’occasion d’un événement culturel. Et ils ne sont pas passés inaperçus.
De nombreuses voix critiques de la Transition malienne y ont vu un retournement de veste ou le signe d’une prise de conscience tardive sur les discours populistes du pouvoir malien de transition, qui vante chaque jour la défense de la souveraineté nationale. Pourtant, Choguel Maïga vient d’être conforté à son poste. Il a gardé la tête du gouvernement qui a été remanié au début du mois.
« C’est complètement une volte-face de la part du Premier ministre Choguel Maïga, qui a toujours mis en avant des discours populistes, souverainistes et nationalistes. Donc, il renie complètement ce qu’il a dit jusque-là. Il y a clairement une attaque indirecte contre les colonels avec lesquels il tient le pouvoir. Jusque-là, aucun programme de développement économique n’a été mis en place par les militaires. Tout ce qui a été mis en avant, ce sont des discours souverainistes. Donc, clairement, c’est une attaque frontale à leur égard. »
S’agit-il réellement d’une attaque, ou tout simplement d’une manière de dire ce que les Maliens ont envie ou besoin d’entendre ? « Tout son discours tient toujours à dire ce que les Maliens ont envie d’entendre. Et clairement, les Maliens commencent à en avoir marre des discours nationalistes. Ils demandent maintenant des programmes de développement économique. D’autant plus qu’ils [les autorités de transition, NDLR] ont fait partir la Minusma, qui constituait un gros pourvoyeur d’emploi. Donc, il faut recentrer le sujet sur un autre axe que les Maliens ont envie d’entendre. Choguel Maïga est un vieux routier de la politique malienne. Il attaque d’une manière indirecte les colonels au pouvoir, mais d’une certaine manière, il les sert. »
Source: RFI