Est-ce que le PM sera à son tour lâché en plein vol ? Une question traitée jadis posée dans nos colonnes où la piste du réaménagement fut mise sur la table en nous donnant raison au fil du temps. Au mois de Mai, notre rédaction évoquait ce qui semblait ressembler à une ironie : que CHOGUEL rende le tablier. Sauf que cette alternative, envisageable en début Mai, est finalement ajournée pour un réaménagement qui verra plus de 15 membres quitter la cité administrative.
Alors que le débat constitutionnel battait son plein, l’opinion est surprise par l’apparition du Secrétaire général de la Présidence pour une lecture de la composition du gouvernement dans une nouvelle configuration. Annoncé depuis près d’une année et plusieurs fois ajourné, la démission du PM n’a eu de cesse de tarauder les esprits. Les tractations étaient bien en cours pour finalement décider de faire l’annonce après le référendum.
En effet, les leaders du Mali Kura étaient décidés à être en phase avec la Charte de la Transition dont la dernière relecture impose l’ouverture de gouvernement et celle du CNT. Il s’agit d’une option consécutive au bras de fer avec la CEDEAO, en 2022, quand le pouvoir s’est adjugé 2 ans de plus au sortir des Assises nationales de la refondation. Il fut ainsi procédé au remaniement du CNT avec l’arrivée de 26 conseillers nationaux supplémentaires. Après la validation de l’organe législatif dans sa nouvelle pointure, ce fut au tour de l’Exécutif d’être dans le viseur et l’objet de nombreuses tractations et consultations qui expliquaient le silence de certains leaders plutôt enclins à la transmission des CV et à croiser les doigts pour être retenus.
Sauf que beaucoup de formations politiques démarchées en son temps pour intégrer le nouveau gouvernement en gestation de la Transition étaient hostiles à toute cohabitation avec l’héritier naturel et affiché du défunt Général Moussa Traoré. De quoi mettre les autorités de la Transition dans l’embarras du sort à réserver au locataire de la Primature dont la tête était à nouveau mise à prix par ses détracteurs de plus en plus nombreux, qui ont mis dans la balance le limogeage pur et simple du chef du Comité stratégique du M5 RFP comme condition de leur participation au gouvernement.
Ils s’accommodent finalement d’une forme quasi inédite de remaniement où une majorité des membres de l’équipe sortante sera mise de côté au profit d’un besoin de sang neuf. Le schéma fait ainsi perdre gros à celui qui occupe la tête du gouvernement depuis le 10 juin 2021. Et pour cause, il voit ses poulains – ou du moins ceux qui paraissaient comme tels – éjectés de l’attelage et se voit contraint par conséquent de composer avec une reconfiguration à dominante militaire.
Quoique cerné, en définitive, Dr Choguel Maiga reste quand même aux commandes de la Cité administrative, quand bien même son bilan paraisse très peu lumineux en deux années aux affaires, avec le monde de la santé en grève, le train qui n’a toujours pas véritablement redémarré ou encore la carte biométrique qui n’est plus l’unique outil de vote, entre autres promesses
Avec le M5, à qui les colonels avaient attribué la Primature, vidé de ses figures emblématiques en plus d’être émietté en divers morceaux qui refusent son autorité, force est d’admettre que le chef du Gouvernement reconduit n’aura plus la marge de manœuvre facile. Il devra d’ailleurs composer avec des tendances toutes favorables à ses employeurs ou presque afin de demeurer dans leurs bonnes grâces.
A KEÏTA