Le gouvernement des États-Unis a regretté la décision des autorités maliennes sur le retrait sans délai de la mission des Nations Unies, en proposant un départ « ordonné et responsable » des casques bleus.
Les Etats Unies d’Amérique ont été la première puissance membre du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies à réagir à la décision du gouvernement malien de retirer les casques bleus. Face à la presse, le lundi dernier, le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, a exprimé le regret de son pays suite à la demande des autorités maliennes de retirer sans délai la mission des Nations Unies. « Les États-Unis regrettent la décision du gouvernement de transition du Mali de révoquer son consentement à la MINUSMA. Nous sommes préoccupés par les effets que cette décision aura sur les crises sécuritaires et humanitaires qui affectent le peuple malien », a déclaré le diplomate américain.
Le gouvernement des États-Unis a apporté son plein soutien à la MINUSMA et au Représentant spécial du Secrétaire général El-Ghassim Wane pour son leadership. Alors qu’un vote sur le renouvellement du mandat des Nations-Unies au Mali est prévu le 29 juin prochain, le département d’Etat américain propose un retrait ordonné. « Le retrait de la MINUSMA doit être ordonné et responsable, en donnant la priorité à la sûreté et à la sécurité des Casques bleus et des Maliens », a suggéré le porte-parole du départe d’Etat.
Tout en regrettant cette décision qui pourra mettre fin à une décennie de présence de la force de maintien de la paix des Nations Unies au Mali, les autorités américaines ont exigé au gouvernement de transition Malien « le respect de tous ses engagements, y compris la transition vers un gouvernement démocratiquement élu et dirigé par des civils d’ici mars 2024 et la mise en œuvre de l’accord d’Alger. »
Le gouvernement américain a rassuré qu’il continuera à travailler avec ses partenaires en Afrique de l’Ouest afin de les aider à relever les défis urgents en matière de sécurité et de gouvernance auxquels ils sont confrontés. « Nous nous félicitons de nouvelles consultations avec les dirigeants régionaux sur les mesures supplémentaires visant à promouvoir la stabilité et à prévenir les conflits », a souligné Matthew Miller, porte-parole du département d’Etat des Etats Unis.
Le vendredi dernier, devant le Conseil de Sécurité, le Ministre des Affaires Etrangères, Abdoualye Diop, a demandé le retrait sans délai de la MINUSMA estimant que la mission fait partie du problème. Le gouvernement accuse la force onusienne «d’instrumentaliser et de politiser la question des droits de l’Homme en exacerbant les tensions entre les communautés du Mali. »
Pour l’expert en Défense et chercheur au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel, Dr Aly Tounkara, qui a accordé une interview au quotidien national du Mali, la décision des autorités maliennes est « bien réfléchie ». Selon lui, elle est la suite de plusieurs évènements qui s’expliquent par la prise des initiatives sur le Mali par les Nations Unies sans associer le gouvernement. Au nombre desquelles, il a cité la production de rapport sur la question des droits de l’homme et la reconfiguration du mandat de la MINUSMA entamée par le secrétaire général Antonio Guterres sans l’aval du Mali. L’expert accorde moins de chance aux négociations pouvant permettre aux autorités maliennes de revenir à leur décision. Au regard des rapports tendus entre le Mali et certains pays du Conseil de Sécurité de l’ONU, il pense que les Nations -Unies vont se conformer à la décision du gouvernement Malien. Selon Dr Aly Tounkara, les Nations -Unies pourraient négocier avec Bamako l’agenda de retrait pour que les troupes et les logistiques puissent quitter le territoire malien dans un délai d’un an voire plus.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net