La fièvre de la Ligue des champions s’empare d’Istanbul samedi (19h00) avec une finale entre deux mondes, celui des nouveaux riches de Manchester City obsédés par un premier titre, et celui du renaissant Inter Milan, sans « peur » face à l’armada d’Erling Haaland.
Dans le stade olympique Atatürk (72.000 places), à l’ouest de la métropole turque, le club italien débarque en outsider prêt à mordre les mollets du favori anglais, à la technique léchée et aux offensives éclair.
« Nous devons jouer sans peur. On sait qu’ils donneront tout, c’est une équipe complète, nous devons montrer de quoi nous sommes fait », a lancé le milieu nerazzurro Hakan Çalhanoglu.
La motivation de l’intériste est décuplée par l’envie de devenir le premier Turc à soulever la Coupe aux grandes oreilles. Mais l’appétit de Manchester City est aussi immense à l’idée de graver son nom sur le trophée pour la première fois, deux ans après une finale inaugurale perdue contre Chelsea.
Un « rêve » ou une « obsession »? Les deux à la fois, a répondu Pep Guardiola, sacré en 2009 et 2011 avec le FC Barcelone mais tenu en échec depuis son arrivée en 2016 dans le nord de l’Angleterre, malgré l’ambition et l’investissement du propriétaire émirati.
– Martinez contre Haaland –
Sur la route d’Istanbul, les Sky Blues ont mis les pleins-phares en championnat, passant devant Arsenal sur la ligne d’arrivée, en Coupe d’Angleterre avec une finale gagnée contre le voisin et rival Manchester United, et une demi-finale de C1 époustouflante contre le Real Madrid (4-0), tenant du titre laissé en miettes.
Pas question cependant, pour les Citizens, de se laisser éblouir par le possible « Treble » (« triplé » en anglais), que les Red Devils ont réussi en 1999.
« La plus grande erreur qu’on puisse faire, c’est d’oublier que c’est une finale. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, dans mon esprit et dans celui de l’équipe, il n’y a pas de favori en finale, peu importe ce que tu as fait pour l’atteindre », a temporisé Ruben Dias.
Le défenseur portugais de City fait face à de sérieux clients samedi, à commencer par Lautaro Martinez, tout frais champion du monde, épaulé par le vétéran de 37 ans Edin Dzeko ou le puissant Romelu Lukaku.
Le « Toro » argentin, moins saignant en fin d’hiver, a planté 11 banderilles sur ses 13 dernières apparitions, toutes compétitions confondues. La dynamique est inverse pour Erling Haaland, avec un petit but inscrit dans ses sept derniers matches.
Guardiola croit pourtant fort au réveil du « Terminator » norvégien, aux statistiques folles (52 buts, dont 12 en 10 matches européens) pour sa première saison à Manchester, à 22 ans.
« Si vous avez des doutes sur la capacité de Haaland à marquer, vous serez la seule personne », a répondu, incisif, l’entraîneur catalan vendredi en conférence de presse. « Je n’ai aucun doute, (samedi) il sera prêt pour nous aider à gagner la Ligue des champions ».
– Guerre des nerfs –
L’Inter l’a déjà remportée trois fois, sous la direction d’Helenio Herrera (1964 et 1965) et de José Mourinho (2010).
« Nous savons que ce sera une grande opportunité d’écrire l’histoire », a affirmé l’actuel entraîneur Simone Inzaghi. « On fera tout ce qu’on peut, on fera les efforts ensemble. Ensemble, c’est le mot clé ».
Les riches superstars de City face aux guerriers solidaires de l’Inter? L’équation est plus complexe que cela, et le match pourrait virer à la partie d’échec, jusqu’à ce qu’un des deux camps ne mate l’autre.
Il ne faut pas s’attendre « à un match très ouvert, c’est souvent le cas en finale d’ailleurs », a affirmé Kevin De Bruyne, serial-passeur des Citizens. La récompense pourrait venir de la patience, « on ne doit pas devenir nerveux trop rapidement ».
L’équipe qui sera menée pourra aussi convoquer le souvenir de 2005 pour ne pas perdre pied à proximité du Bosphore. Dans le même stade Atatürk, Liverpool avait accompli le « miracle d’Istanbul » en s’imposant aux tirs au but après avoir été mené 3-0 à la mi-temps par l’AC Milan.
C’était une autre époque, un autre Milan, et l’histoire reste à écrire.
AFP