La croissance économique du Mali devrait remonter à plus de 5 % en 2023 et 2024, contre 3,7 % en 2022, a indiqué vendredi dernier un communiqué du Fonds monétaire international (FMI) en se basant sur les résultats des consultations de 2023 réalisées au titre de l’article IV. Pour les administrateurs de l’institution de Bretton Woods, cette embellie serait due aux bons résultats au niveau de la production agricole et aurifère du pays. N’empêchent qu’ils recommandent à nos aux autorités de créer les conditions propices à une croissance durable à long terme, de remédier aux faiblesses en matière de gouvernance et de lutter contre la corruption.
«Avec de bons résultats au niveau de la production agricole et aurifère, la croissance devrait remonter à plus de 5 % en 2023 et 2024» ! Telle est l’une des principales conclusions du Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) par rapport aux consultations au titre de l’article IV avec notre pays. Cela a aussi permis d’avaliser l’évaluation des services de l’Institution de Bretton Woods. Il faut souligner que, en vertu de l’article IV des statuts de l’institution, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays.
Cependant, ont souligné les administrateurs du FMI, «d’importants risques baissiers pèsent sur les perspectives économiques, comme la détérioration de la situation sécuritaire, des retards éventuels dans les élections, la volatilité des prix internationaux des produits de base, un resserrement des conditions financières mondiales ou encore les risques liés au climat». L’institution financière internationale a aussi rappelé que l’inflation a atteint 10 % en 2022, sous l’effet des chocs engendrés par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et par les sanctions régionales qui ont affecté les prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Mais, elle devrait baisser à 5 % en 2023 et à 2 % en 2024 avec la baisse des prix mondiaux dans ces deux secteurs.
L’économie du Mali a été secouée par de multiples chocs depuis 2020. Mais elle est restée résiliente en 2022 dans un contexte d’inflation élevée. La croissance du PIB réel est passée de 3,1 % en 2021 à 3,7 % en 2022. Et cela malgré de grandes difficultés rencontrées sur les plans sécuritaire et socio-politique, l’imposition de sanctions régionales (CEDEAO/UEMOA) au premier semestre 2022 et une forte incidence de l’insécurité alimentaire. Le déficit budgétaire de l’État, qui se situe juste en dessous de 5 % du PIB en 2022, «reflète une augmentation rapide des dépenses de sécurité, des salaires de la Fonction publique et de la facture des intérêts qui évincent les dépenses favorables à la croissance, notamment celles liées au dispositif de protection sociale et aux investissements en capital».
«Le Mali fait face à un durcissement des conditions de financement. Cela s’explique par le manque d’aide budgétaire extérieure (suspendue après les deux coups d’État intervenus en 2020 et 2021, et qui ne devrait pas reprendre avant la tenue des élections en 2024) et la hausse des taux d’intérêt mondiaux. Le resserrement des conditions de financement sur le marché régional pose des risques supplémentaires», a souligné le communiqué du FMI. Le déficit courant du Mali s’est légèrement amélioré en 2022, tombant à 6,9 % du PIB contre 7,5 % en 2021 en raison de la hausse des exportations d’or et de la baisse des importations de biens d’équipement. A moyen terme, le déficit courant baissera en dessous de 4 % du PIB en raison du «dynamisme des exportations d’or et de produits agricoles».
«Les administrateurs ont souscrit à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils ont reconnu que le Mali a été frappé par plusieurs chocs ces trois dernières années, ainsi qu’un embargo au premier semestre de 2022, qui ont eu des répercussions négatives, notamment sur la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Néanmoins, l’économie malienne s’est montrée relativement résiliente en 2022, en partie grâce à des politiques judicieuses», a déclaré M. Kenji Okamura, Directeur général adjoint et président par intérim.
«Les administrateurs ont encouragé les autorités à mettre en œuvre une consolidation budgétaire ambitieuse pour réduire le déficit à court terme et le ramener en dessous de 3 % du PIB d’ici à 2025, tout en préservant les dépenses en capital favorables à la croissance», a souligné le communiqué. Les administrateurs ont recommandé une plus grande mobilisation des recettes intérieures, une maîtrise de la masse salariale du secteur public qui croît rapidement, et une amélioration de l’efficacité et de la gestion des dépenses publiques…
«Douze mois après la levée de l’embargo, nous avons eu une reprise économique au Mali. Cette dynamique économique a été renforcée par un plan d’urgence économique mise en place par le pays, dans le cadre du contrôle des effets collatéraux liés à l’inflation. Donc, voilà autant d’enjeux qui peuvent justifier aujourd’hui cette dynamique de la croissance économique avec le retour à la confiance», a expliqué à «Africa24Tv.com» l’économiste Aboudramane Coulibaly.
Et d’ajouter, «si on regarde aujourd’hui les différentes notations des agences de notation internationales, la dette malienne sur le marché international reste une dette qui répond aux critères de convergence macroéconomique imposés par l’UEMOA». Par ailleurs, a conclu l’économiste, «depuis quelques mois, il faut notifier qu’il y a une certaine austérité budgétaire imposée par l’actuel architecture de la Primature, dans le cadre de la réduction des voyages à l’étranger. Donc, toute cette embellie drastique de réduction des coûts budgétaires peut permettre au Mali d’atteindre une telle croissance économique».
Cela prouve que, contrairement à ce que nos détracteurs disent pour tenir l’image du pays, la gouvernance du Mali est en train de s’améliorer sous cette transition !
Naby