A moins d’un nouveau report, le projet de nouvelle constitution initié par le président de transition sera soumis à l’approbation populaire le 18 juin prochain. En attendant l’ouverture de la campagne, le front du refus annonce les couleurs. Le cadre des partis et regroupements des politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel et la Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS-Faso Héré) de Zoumana Sacko, avec certes des arguments distincts, ont tour à tour rejeté en bloc toute idée de réviser la constitution de 1992. Leur rejet intervient dans la foulée d’un courant opposé défendu par des formations politiques comme l’URD et ADP-Maliba, qui se sont offerts mains et pieds liés aux autorités de la transition en appelant leurs militants respectifs à approuver le projet de constitution.
En effet, la CNAS-Faso Hère, après une réunion de son bureau politique national, le 06 mai, a appelé ses militants à voter contre la révision initiée par les autorités de transition, dit-elle, issue d’un double coup de force militaire. Pour la CNAS, l’argument avancé par les autorités actuelles, selon laquelle «le changement de constitution serait justifié du simple fait que trois présidents de la République ont cherché à réviser la loi fondamentale» ne convainc pas.
Quant au cadre des Partis et Regroupements des Politiques pour le Retour à l’Ordre constitutionnel, il est resté sur sa position initiale, notamment « l’abandon pur et simple du projet de la nouvelle Constitution et le respect du chronogramme pour les autres élections ».
Sans demander à leurs militants de voter contre le projet, le Cadre relève des irrégularités dans la convocation du collège électoral et accueille avec pessimisme, après le point de presse de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections, les assurances de pleine opérationnalisation de cette structure à travers la nomination et la formation des nouveaux membres, l’installation de ses démembrements dans toutes les Communes et autres mais également sur la fiabilité du fichier électoral et la disponibilité carte d’identité nationale biométrique.
Et ce n’est pas tout. À ses inquiétudes s’ajoute, selon le Cadre, la confusion générale qu’en a rajouté le gouvernement avec l’adoption, lors du Conseil des ministres du mercredi 10 mai 2023, d’un projet d’ordonnance selon lequel plusieurs autres pièces d’identité serviront de document de vote lors du référendum.
À la LIMAMA qui appelle sans ambages à voter contre le projet de constitution en guise de protestation contre la laïcité viennent s’ajouter le Cadre et la CNAS-Faso Hère et aux dernières nouvelles LCD du Général Moussa Sinko pour qui le projet est aux antipodes de son attachement aux principes républicains et à l’unité nationale. Le front pourrait s’élargir davantage avec l’officialisation de la position défavorable fortement pressentie de l’Appel du 20 Février, mais la question demeure à savoir si une inversion de la tendance est plausible au détriment des 5 colonels qui continuent de jouir jusqu’à preuve du contraire d’un soutien populaire dans l’opinion.
Amidou Keita