Cette édition du festival qui se tiendra du 30 janvier au 4 février 2024 marque deux décennies d’existence et de succès dans la promotion de la culture. Le festival innove, combinant des éléments traditionnels et contemporains de la culture malienne et africaine, allant de l’art visuel à la musique et à la mode.
Le festival a été lancé pour la première fois le 2 février 2005 au Quai des Arts, sur les berges du fleuve Niger, à Ségou. Il est devenu le plus grand festival du Mali et l’un des plus grands de la sous-région.
C’était sous l’impulsion des acteurs impliqués dans la promotion du tourisme et dans la vie culturelle de la ville de Ségou, avec comme chef de file Mamou Daffé, entrepreneur culturel, à l’époque, très peu connu du monde culturel malien.
Qui l’aurait cru qu’en si peu de temps, le festival sur le Niger allait prendre une ascension fulgurante et devenir le plus grand festival du Mali et l’un des plus grands de la sous région avec des objectifs clairs et précis : Faire de Ségou, une ville d’attraction culturelle et de développement multidimensionnel.
En 20 ans de tenue régulière, les objectifs fixés par l’initiateur du festival, M. Daffé, ont tous été atteints voir dépasser. La capitale des balazans s’est hissée comme capitale de la culture malienne, témoigne Cheick Oumar Sissoko, ancien ministre de la Culture du Mali.
Tenir un festival durant 20 ans et les réussir dans un esprit populaire avec le soutien des autorités et de toutes les couches sociales, n’est pas chose aisée. Mais M. Daffé et les siens l’on réussit avec la plus belle manière. « 20 ans, ça se fête » animent dire les organisateurs. C’est pourquoi, la direction de Segou’Art- Festival sur le Niger, a décidé de mettre les petits plats dans les grands et célébrer avec faste les deux décennies du festival.
Des tables rondes
Samedi 13 janvier, au siège de la Fondation Festival sur le Niger, sous l’égide du directeur de cabinet du gouverneur de Ségou, assisté par le maire de la ville, le Sous-préfet, le coordonnateur de la manifestation Djibril Guissé et les responsables des différentes composantes, ont dévoilé ce que va ressembler l’édition 2024.
Selon M. Guissé, les festivités sont prévues pour se tenir du 30 janvier au 4 février 2024. Le thème est “Jeunesse et Tradition”. A ses dires, le festival comprendra des tables rondes et des conversations réunissant des sommités de la culture africaine pour discuter de la thématique centrale : « Art et Changement climatique ».
Un salon d’art contemporain
Cette édition “spéciale” marque deux décennies d’existence et de succès dans la promotion de la culture à Ségou. En ce sens qu’il met l’accent sur l’art contemporain avec un Salon d’art contemporain. Responsable des expositions d’Arts contemporain, Attaher Maiga, a annoncé les couleurs des expositions. Pour lui, à la suite d’un un appel à candidature pour l’exposition «IN», douze artistes du Mali et d’ailleurs ont fait l’objet d’une sélection rigoureuse de la part des experts. Les artistes retenus pour l’exposition «IN» ont pour noms : Aissata Cissé du Sénégal, Aremu Opeyemu du Nigeria, Mariam Niaré, Ange Dakouo, Mohamed Dembelé, Abdoul Karim Diallo, Mariam Ibrahim Maiga, Hamidou Koumaré, (tous du Mali), Eric Tomnyu du Cameroun, Tielegnon A.D Koné de la Côte d’Ivoire, Ikram Ben Ibrahim (Tunisie), Lybi Ousmane Lougue du Burkina. Leurs œuvres seront exposées dans la grande salle de la galerie Cheick Oumar Sissoko.
Outre le «IN», des expositions «Off» seront organisées à travers la ville de Ségou. « Ségou devient pendant une semaine la plaque tournante de la culture africaine ». Au-delà des expositions ajoute t-il, il y aura un marché de la foire contemporaine, qui permettra la vente des objets d’arts.
Des concerts géants
Activité phare de Ségou’Art, les soirées de musique, selon le responsable de la composante musique, Bréhima Coulibaly, seront reparties en trois Nuit. Une programmation musicale diversifiée est prévue, comprenant une soirée de hip-hop en hommage au parrain Cheick Tidiane Seck, avec des artistes tels que Mylmo, Master Soumi, Didier Awadi, Iba One, et d’autres.
Ensuite, il y aura une soirée de diversité culturelle avec des artistes nationaux et internationaux tels que Salif Keita, Sidiki Diabaté, Makoomba (Zimbabwe), Paco Séry (Côte d’Ivoire), Guy N’Sangue (Cameroun), Soul Bang & Manamba Kanté (Guinée), et d’autres.
Une création musicale inédite réunira Sékou Bembeya du Bembeya Jazz de Guinée et Mama Sissoko du Super Biton national du Mali.
Les concerts sur la scène Biton au Quai des Arts seront prolongés jusqu’à 21h pour donner l’opportunité à de jeunes talents de se produire et d’animer le site de la foire.
La soirée internationale se focalisera avec des grands noms. Il s’agit entre autres de Sidiki Diabaté.
Un défilé de mode dédiée au pagne tissé
Le festival introduit une nouvelle innovation avec un défilé de mode dédié au pagne tissé. Cette initiative vise à revaloriser cette forme d’artisanat. Plusieurs stylistes de Ségou et de Bamako présenteront leurs créations.
Les sélectionnés pour le défilé pour la Nuit du pagne tissé ont pour noms : Abou Kader Maiga, Oumou Coulibaly, Baye Couture, Smart-Segou, tous des stylistes de la capitale des balazans. Kassim Dembelé, styliste et créateur de mode ; Mariam Bocoum Styliste sont de Bamako et Kadjietou Sidibé, styliste et modéliste.
250 000 visiteurs attendus pour la Foire
Responsable de la composante foire, Bintou Bouaré a laissé entendre qu’elle se déroulera du 30 janvier au 6 février au Quai des Arts à Ségou. « Environ 400 artisans et créateurs locaux, nationaux et internationaux de plus d’une vingtaine de pays d’Afrique de l’Ouest exposeront leurs produits ». La foire contribue à l’économie locale, avec un chiffre d’affaires attendu d’environ 600 millions de F CFA. Les organisateurs prévoient la visite de 250 000 personnes pendant la durée de la foire. « Un accent particulier est mis sur la qualité des stands, répondant aux normes conventionnelles, avec une attention particulière aux commodités. Ces initiatives culturelles et économiques démontrent l’engagement en faveur du développement local, de la paix et de la promotion des talents artistiques dans la région ».
Caravane culturelle : promouvoir le dialogue, la paix…
Responsable de la Caravane culturelle pour la paix, Moussa Berthé a rappelé l’esprit qui a prévalu à la création du projet. A-t-il définit les grands axes du projet que sont entre autres : la promotion du concept de festivals durables « Festival Vert » en facilitant l’appropriation et l’adoption de bonnes pratiques dans la gestion de l’environnement et l’utilisation des ressources dans nos différents festivals et partenaires de la caravane à travers l’élaboration d’une charte de conduite…
Pour cette édition, « la caravane recevra les communautés du Maroc et de Mopti, ville invitée », a affirmé M. Berthé. Et de laisser entendre que la caravane innove avec l’organisation de conférences débats sur la paix, la cohésion sociale. Ce n’est pas tout. Des activités sur le recyclage des déchets pour un meilleur assainissement de l’environnement sont prévues, ajoute le patron de la composante Caravane culturelle pour la paix.
Dans cet esprit, a été lancé dimanche à la Mairie de la ville, le concours « quartier propre ».
La Caravane est un réseau de coopération sahélo transsaharien née en 2014 de la volonté des trois festivals (Festival Taragalte du Maroc, Festival au Désert et Festival sur le Niger au Mali).
Le vice-président de la Fondation festival sur le Niger, Mamadou Niang, a salué le parcours élogieux des 20 ans du festival. « Nous avons rêvé, et notre rêve s’est réalité ».
Segou’Art a « repeint les couleurs » du Mali
Le Directeur de Cabinet du gouvernorat de Segou, Bourama Angoiba, a rendu un hommage à Mamou Daffé et aux siens. Pour lui, en 20 ans, le Ségou’Art-festival sur le Niger, « s’est imposé comme étant l’un des meilleurs en Afrique voir au monde ». Selon lui, le festival a pu vendre positivement l’image du Mali. « Avec le festival, l’image du Mali est perçu autrement à travers le monde. Il a rayonné le nom de Ségou et du Mali, il a repeint en vert les couleurs que certains avaient tenté de donner au Mali ».
Sur le plan sécuritaire, M. Angoiba a assuré que toutes les dispositions sont en train d’être prises pour la bonne tenue de la manifestation.
Une soirée de lancement de l’année de célébration des 20 ans du festival, s’est tenue au Centre Culturel Korè avec la prestation du groupe régionale de Ségou, qui été classé première à la Biennale artistique et des trois gagnants du concours hip pop organisé entre des rappeurs de la région.
Yaye Astan Cissé