Le président français Emmanuel Macron réunit vendredi quelques-unes des grandes forces politiques françaises, sa première initiative depuis la trêve des Jeux olympiques pour doter enfin le pays d’un gouvernement.
La journée sera aussi longue que tendue pour le chef de l’Etat, contesté jusque dans son propre camp depuis qu’il a décidé seul ou presque, au lendemain d’élections européennes désastreuses, de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des législatives anticipées.
Il doit ouvrir la séquence à 10H30, en recevant à l’Elysée le Nouveau Front populaire (NFP), alliance de circonstance des forces de gauche (gauche radicale, socialistes, écologistes et communistes), qui ont créé la surprise en conquérant 193 députés, loin toutefois de la majorité absolue (289).
Il enchaîne à 13H00 avec les responsables de son camp, puis la droite républicaine. Le camp macroniste compte 166 représentants.
Deux autres formations plus minoritaires achèveront la journée, avant de nouveaux entretiens lundi avec l’extrême-droite du Rassemblement national (RN) et ses alliés (142 députés), les seuls à exclure une coalition et à préparer les prochaines échéances, notamment la présidentielle de 2027.
Ces consultations ont pour but « de savoir dans quelles conditions » les forces politiques peuvent définir une « majorité large », a expliqué l’Élysée jeudi, assurant que le président était « garant des institutions ».
« La stabilité », c’est « la capacité pour un gouvernement à ne pas tomber à la première motion de censure déposée », a-t-on insisté de même source.
A gauche, le NFP défend bec et ongles sa candidate au poste de Première ministre, la haute-fonctionnaire Lucie Castets, 37 ans, annoncée présente à l’Elysée vendredi. Le bloc a déploré jeudi que le chef de l’Etat « tergiverse plutôt que de tirer les conséquences » des élections.
– Un budget début octobre –
« Comme dans toutes les démocraties parlementaires, la coalition arrivée en tête doit pouvoir former un gouvernement », ont martelé ses responsables. « Nous sommes prêts ».
Mais le blocage est total: Macron exclut de nommer Lucie Castets. Et le camp présidentiel, la droite et l’extrême-droite menacent d’une motion de censure tout gouvernement comprenant des ministres issus de La France insoumise (LFI, gauche radicale).
Le parti fait figure d’épouvantail, accusé en particulier de complaisance vis-à-vis du mouvement islamiste palestinien Hamas, voire d’antisémitisme.
Et son bouillant et très clivant chef de file, Jean-Luc Mélenchon, a enfoncé un nouveau coin dans l’alliance en menaçant de demander la destitution du chef de l’État. Une initiative qui a très peu de chances d’aboutir et sur laquelle il n’a pas été suivi.
Si le président campe sur son refus du NFP – la censure d’un gouvernement Castets comprenant des ministres insoumis « est acquise, c’est arithmétique », répète-t-on au sommet de l’exécutif -, qui pour diriger le gouvernement ?
Au centre, le camp présidentiel n’ose s’avancer. A droite, Les Républicains sont plutôt rétifs à la perspective d’un accord de gouvernement. D’autres sont plus ouverts. Et des noms d’anciens ministres circulent, jusqu’au centre-gauche.
Les joutes politiques, entamées avant les JO, ont repris de plus belle. Avec l’impérieuse nécessité pour le pays d’accoucher, au 1er octobre, d’un budget pour 2025.
La gauche promet une politique de rupture, avec notamment l’augmentation du salaire minimum et l’abrogation de la très impopulaire réforme des retraites.
Mais Gabriel Attal, resté en poste depuis six semaines pour expédier les affaires courantes, a déjà envoyé les lettres plafonds octroyant leurs crédits aux ministères. « Pur scandale », « coup de force », a vociféré le NFP.
Pendant ce temps, les partis de gauche tenaient, chacun de leur côté, leurs traditionnels séminaires de rentrée ou « universités d’été ». L’occasion pour Lucie Castets, inconnue du grand public, d’enchaîner les apparitions et de construire sa crédibilité.