METIER D’APPRENTI SOTRAMA : Une jeunesse en quête d’avenir sur les routes de Bamako

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Dans les rues animées de Bamako, les sotrama, ces minibus colorés et bruyants, sont le pouls du transport urbain. Derrière chaque sotrama se trouve souvent un apprenti, un jeune homme dont le quotidien est rythmé par les trajets, les passagers et les défis de la route. Mais qui sont ces apprentis sotrama et quelles sont les réalités de leur métier ?

Les sotrama sont des véhicules de transport essentielle pour les populations de la capitale malienne, reliant les différents quartiers et facilitant ainsi les déplacements de milliers de personnes chaque jour.  Pour les apprentis, ce travail représente bien plus qu’un simple emploi. C’est une porte d’entrée dans le monde professionnel, un moyen de subvenir à leurs besoins, mais aussi une source de défis considérables.

Le monument de la tour d’Afrique de Bamako est un point de rassemblement des sotrama pour différente destinations. Mamadou Diallo, est un apprenti Sotrama originaire d’un village de la localité de San. Il est venu à Bamako pour subvenir aux besoins de ses parents restés au village. << je suis apprenti sotrama depuis des années et c’est avec ce métier que j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille qui est au village. Le métier d’apprenti n’est pas facile.  Même si on a tendance à nous traiter de tous les noms possibles et ça fait mal ». Selon le jeune apprenti, la population doit avoir plus de considérations pour les apprentis. Car, explique-t-il, c’est un métier risqué et très dangereux. A l’en croire, les gens ont une mauvaise image de l’apprenti. « Dès qu’on parle d’apprenti, les gens pensent que nous sommes des bandits, des délinquants et des drogués », dénonce-t-il.

« Nous avons droit à plus de considération. Car, nous avons aussi des familles. Surtout du côté des femmes qui passent la journée à nous maudire. C’est la pauvreté qui nous pousse à devenir des apprentis. Pour moi, c’est mieux que d’aller voler ou tuer quelqu’un juste pour de l’argent. Nos familles comptent sur nous tout comme elles comptent sur leurs enfants », a-t-il plaidé.

Les journées des apprentis sotrama commencent très tôt le matin et se terminent souvent tard dans la nuit. Ces horaires prolongés, couplés à des trajets sans fin dans une circulation dense et chaotique, peuvent être extrêmement fatigants. Soulemane, un jeune apprenti de 22ans reconnait les difficultés du métier. « Nous devons être sur le terrain avant l’aube. Nous ne rentrons chez nous qu’après la tombée de la nuit. C’est épuisant, mais nous n’avons pas le choix. »

En plus des longues heures, les apprentis sotrama travaillent dans des conditions souvent précaires. Ils doivent supporter la chaleur étouffante, la poussière, et la pollution atmosphérique de la capitale. De son côté, Rassa un autre apprenti souligne les longues heures dans un transport en commun bondé. « Nous passons nos journées dans des minibus bondés, sous une chaleur accablante », a-t-il relevé.

Le trafic urbain Bamako est notoirement dangereux. Les apprentis sotrama doivent naviguer dans un environnement routier où les accidents sont fréquents. A cela ajoute, une couche supplémentaire de stress à leur travail quotidien. « J’ai vu des accidents horribles, et la plupart ce sont des sotrama. Chaque jour sur la route est une nouvelle aventure risquée », confie issa un apprenti avec trois ans d’expérience.

Malgré leur rôle crucial, les apprentis sotrama reçoivent peu de reconnaissance et ont peu de perspectives d’évolution professionnelle. Beaucoup voient ce travail comme une étape temporaire, mais sans formation adéquate ou opportunités, ils se retrouvent souvent coincés dans cette situation. Adama, un ancien apprenti devenu chauffeur raconte son parcours.  « J’ai commencé comme apprenti, mais il m’a fallu des années de dur labeur pour devenir chauffeur », a-t-il confié.  Pour beaucoup, l’avenir est incertain.

Les apprentis sotrama jouent un rôle essentiel dans le transport public, mais ils sont confrontés à des défis énormes. Il est crucial de sensibiliser le public à leurs conditions de travail et de chercher des moyens pour améliorer leur situation.

                       Aminata DEMBELE (Stagiaire)

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