L’Otan se retrouve à partir de ce mardi 9 juillet à Washington, pour un sommet, après 75 ans d’existence, jusqu’à jeudi prochain. Un sommet scruté à la jumelle depuis la Chine, qui voit d’un mauvais œil une extension de l’Alliance atlantique en Asie-Pacifique.
« Le sommet de Washington est un prétexte à une extension de l’Otan en Asie-Pacifique », affirmait la télévision centrale de Chine avant l’ouverture des cérémonies d’anniversaires ce mardi 9 juillet. Pour Pékin, ces 75 ans de l’Alliance atlantique ne feraient en effet que raviver « l’esprit de guerre froide » entretenu par les États-Unis et leurs alliés.
« Mentalité de guerre froide »
Un discours qui n’est pas nouveau, martelé par le porte-parole de la diplomatie chinoise, Lin Jian, en réponse à une question sur un potentiel accord entre le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Otan lors du point de presse régulier du ministère chinois des Affaires étrangères.
« En tant que produit de la guerre froide et plus grande alliance militaire du monde, l’Otan prétend être une organisation régionale et défensive, mais elle ne cesse d’étendre ses frontières, d’élargir ses pouvoirs, de franchir des zones de défense et de pousser à la confrontation. Ce comportement révèle une mentalité de guerre froide et des préjugés idéologiques profondément enracinés, ce qui pose un risque réel pour la paix et la stabilité mondiale. Après avoir déstabilisé l’Europe, l’Otan ne doit pas déstabiliser l’Asie-Pacifique », a indiqué Lin Jian.
Outre les déclarations répétées lors des visites bilatérales et des sommets régionaux, Pékin resserre également les rangs avec les opposants de l’Otan : ballets diplomatiques sino-russes ces derniers mois, visite surprise du hongrois Viktor Orban cette semaine, et organisation d’exercices militaires conjoints entre l’Armée populaire de libération et l’armée biélorusse ces jours-ci près de la frontière polonaise.
« Trop de kimchi nuit au QI ! »
Campagne aussi sur les réseaux sociaux : les internautes nationalistes non censurés s’en prennent notamment à Tokyo et Séoul qui se sont rapprochés de l’allié américain ces derniers mois. « Trop de Kimchi nuit au QI ! », écrit un commentateur, tandis que beaucoup feignent de s’étonner des inquiétudes du président sud-coréen concernant la Corée du Nord. « La Corée du Sud ne peut pas critiquer le rapprochement entre Moscou et Pyongyang, alors que Séoul participe aux sanctions contre la Russie », assure un internaute sur le réseau social chinois Weibo, oubliant que comme pour l’Ukraine et Taïwan, les pouvoirs russes, nord-coréens et chinois portent une lourde responsabilité en matière de rupture du statu quo.
Dans l’autre camp, les Nouvelles de Pékin comptent les points. Le fait que les Premiers ministres australiens et bulgares aient décliné l’invitation à cet anniversaire, traduirait selon le journal officiel, « un malaise » au sein de l’Alliance Atlantique.