Un site dédié à l’Afrique pendant les Jeux olympiques, c’était le pari fou -et réussi- de Mohamed Gnabaly, jeune maire de l’Île-Saint-Denis. Rencontre avec un humaniste passionné d’Afrique.
Mercredi 7 août, en coeur de journée. Le soleil est au zénith sur la Station Afrique. Mohamed Gnabaly, maire de la commune qui abrite cet îlot culturel 100% africain, a troqué le maillot de son pays, le Sénégal, contre celui de la République démocratique du Congo (RDC), qu’il arbore fièrement.
« Aujourd’hui, on célèbre la RD Congo mais également la fête nationale de la Côte d’Ivoire. On a décidé de faire un match de football, RDC vs Congo. Je suis dans l’attente de l’ambassadeur de la RDC pour jouer avec les uns et les autres et montrer notre fraternité », lâche-t-il dans un large sourire.
Lunettes de soleil sur le nez, l’homme de 39 ans sillonne comme chaque jour les allées de la station Afrique, installée au coeur d’un complexe sportif, le Stade Robert César, niché dans un océan de verdure, en bordure de la Seine.
« Bonjour, monsieur le maire », « Bonjour, ça va… vous allez bien ». À chaque instant, l’entrepreneur social est interpellé par tout le monde : journalistes, exposants, passants.
Son projet de Station Afrique pendant les JO et dans sa commune, Mohamed Gnabaly le porte depuis deux ans. Très tôt, il a rêvé de réunir au même endroit des athlètes, des artistes, associer la culture et les peuples africains.
« Ce projet me tenait à cœur, parce que je trouvais que le continent africain n’était pas assez valorisé pour les Jeux olympiques.
Étant franco-sénégalais, maire d’une île-monde où se côtoient 85 nationalités, je voulais absolument que l’Afrique soit au coeur de la fête, que l’Afrique soit visible, soit fière…
Du coup, cette station Afrique, comme son nom l’indique, c’est vraiment un message de fierté, de paix et d’amitié entre les peuples africains et plus largement en direction des peuples du monde », développe celui qui s’est installé à la Mairie de l’Île-Saint-Denis en 2016.
Avec une quinzaine de pays représentés, chacun ayant sa propre pagode ou la partageant avec un voisin -Kenya et Ethiopie par exemple- on peut affirmer que la Station Afrique constitue un pari réussi et un franc succès populaire pour Mohamed Gnabaly.
“Un message de fraternité et de paix”
Et ce, malgré le retrait voici quelques jours de la délégation marocaine pour non-respect de la « neutralité », selon le communiqué de l’Île-Saint-Denis.
« Je suis content de ce qu’on vit, c’est un super projet. Nous avons eu un litige avec le Maroc, mais c’est la vie, rien de méchant.
Il faut toujours rester humble dans ses objectifs. Notre objectif est simple : réunir tout le monde autour d’un message de fraternité et de paix, surtout autour de la culture et du sport », résume le maire avec douceur.
« Aucun regret, on vit un moment formidable, on a une programmation exceptionnelle. J’ai vu à l’Île-Saint-Denis, Magic System, Youssou N’dour, Black M.
Nous avons eu des artistes exceptionnels qui sont venus ici jouer à la station Afrique. Nous avons invité tous les pays africains. Il y a ceux qui ont dit oui, d’autres non.
De notre côté, le message n’a pas varié : vous êtes tous les bienvenus, vous êtes chez vous à l’Île-Saint-Denis, à la station Afrique », ajoute-t-il.
Si à la station Afrique, le continent bouge, danse et renoue avec les afro-descendants, les athlètes, eux, peinent à monter sur le podium sur les sites de compétitions.
Rien qui n’inquiète Monsieur le Maire qui continue de voir grand pour l’Afrique, à quelques jours de la fin des JO.
« J’aurais aimé qu’on gagne plus de médailles, je ne peux pas dire autre chose. Mais j’espère que cette dernière ligne droite va nous permettre d’en avoir davantage.
Dans tous les cas, nous allons célébrer nos athlètes qui viendront ici à la station Afrique avant la fin des Jeux pour qu’on puisse partager un moment de communion », espère-t-il.
Avant de regagner ses coéquipiers sur le terrain de foot attenant au village formé par la Station Afrique, il lâche ce message : « Soyons fiers de qui nous sommes, que ce soit les enfants de l’Afrique, de la diaspora, les immigrés et nos pays qui sont venus nous rendre visite. Nous sommes tous de près ou de loin liés par ce continent”.
Nesta Yamgoto
Tchadinfos – Tchad
#PARISMEDIAS2024