Le sprinteur camerounais sera au départ du 100m ce samedi 3 août 2024 au stade de France. Avec comme ambition de décrocher un podium. Itinéraire d’un monstre des pistes d’athlétisme.
C’est l’épopée d’un ingénieur du génie civil formé à l’Ecole Nationale Supérieure des Travaux Publics de Yaoundé et arrivé en athlétisme presque par hasard, sur le tard.
Fan du football comme c’est le cas pour la plupart des jeunes camerounais, il rêve d’une carrière aboutie au poste de gardien de but.
Mais, entre sa passion pour le football et ses études, Emmanuel doit choisir, sous la pression de ses parents qui placent ”l’école avant tout”.
Tenu par le rythme intense des cours, il manque de temps pour s’entraîner. Son rêve de devenir un footballeur de renom s’écroule. Mais cette déception ouvre à Emmanuel un couloir vers l’athlétisme.
Sa rencontre avec Charles Kouoh Kotte, un ancien de la sélection camerounaise reconverti dans l’entraînement, va tout faire basculer.
« Je suis émerveillé par sa démarche accélérée, sa vélocité et son assiduité à écouter les conseils. J’ai fait de lui ma priorité dans le cadre de mon projet jeunes talents en athlétisme » raconte le mentor.
C’est le début d’une nouvelle vie sportive pour Emmanuel, parallèlement à son cursus d’ingénieur du génie civil. Il est très vite repéré puis sélectionné en équipe nationale.
« Avec la perspective de la retraite d’Adam Idrissa, nous avons travaillé dur pour assurer la relève avec un groupe de jeunes. Emmanuel s’est imposé au fil du temps et a fini par s’installer dans le fauteuil de roi du sprint court au Cameroun et en Afrique », complète Charles Kouoh Kotte.
Un lion doré à la chasse en France
Emmanuel Eseme a dû patienter jusqu’en juin, lors des championnats d’Afrique à Douala, pour décrocher son ticket pour Paris 2024, au terme d’une finale du 100m terminée à la 2e place avec un chrono de 10’’11.
Là où le pays attendait une médaille en or, Eseme n’offre que l’argent. Explications : « Je n’étais pas particulièrement en forme. Mais je n’avais pas d’autre choix que de participer. J’ai tout donné pour figurer sur le podium.
Sachant que j’avais enchainé auparavant des chronos impressionnants qui indiquent clairement mon vrai potentiel ».
Effectivement, le sprinter camerounais a porté son record personnel à 9’96 au meeting de La Chaux de Fonds en Suisse, en juillet 2023.
Il repart médaillé d’or des Jeux de la Solidarité islamique à Konya en Turquie, mais aussi des Jeux de la Francophonie à Kinshasa (10’04), enfin aux Jeux africains d’Accra.
Lors des Jeux du Commonwealth à Birmingham en 2022, il améliore le record du Cameroun au 100m (10’14).
Avant ces JO, la flèche Eseme a décroché un 10’’01 lors de la Diamond League à Oslo. Affirmer qu’il est un athlète de classe mondiale n’est par conséquent pas une vue de l’esprit.
Ancien sprinter aujourd’hui inspecteur national de pédagogie au Ministère des Sports et de l’Education Physique au Cameroun, Dieudonné Mbarga nous livre son analyse technique sur la vedette nationale.
« Eseme est doté de qualités extrêmement techniques mais il a du mal à enchaîner le départ et la mise en action. Dès qu’il est à la phase de train, il déploie toute la vitesse qui lui permet souvent de s’imposer. A Paris, il devra donc être dans le temps de réaction exigé pour partir en même temps que les autres et ensuite placer son accélération”.
« S’il est en confiance et avec le caractère qu’on lui connaît dans la maîtrise de ses émotions, il peut valablement s’inviter dans la grande finale, le 4 août au Stade de France », conclut, optimiste, Dieudonné Mbarga.
Porte drapeau du Cameroun aux côtés de Richelle Anita Soppi Mbella (judo), Emmanuel Eseme vit ses deuxièmes JO après Tokyo 2021, où il s’est arrêté en quart.
Etabli en Europe (France et Portugal) depuis deux ans grâce aux partenariats négociés par la Fédération camerounaise d’athlétisme, Eseme n’envisage rien d’autre qu’un podium. Vous avez dit ambitieux ?
Samuel BIYONG
Mag olympique CNO – Cameroun
#PARISMEDIAS2024