Alors que le Parlement gambien est saisi d’une proposition de loi visant à lever l’interdiction des mutilations génitales féminines, les députés ont approuvé un rapport suggérant son maintien. Un vote final reste à venir.
Les Gambiennes ont retenu leur souffle pendant quelques mois. En mars dernier, le Parlement, composé de 91,38 % d’hommes, votait massivement pour l’examen, par une commission, d’une proposition de loi visant à lever l’interdiction des mutilations génitales féminines. Et c’est ce lundi 8 juillet que ladite commission présentait son rapport, lequel recommande de maintenir la loi actuelle. Depuis 2015, conformément à ses engagements internationaux, la Gambie interdit « la circoncision féminine sous toutes ses formes, qu’il s’agisse de mutilations génitales ou d’excision ».
Au terme d’un débat houleux avec recours aux poings, 35 députés ont voté en faveur du rapport, 17 contre et 2 se sont abstenus. Un vote final sur l’abrogation éventuelle de l’interdiction doit avoir lieu fin juillet. Une perspective qui suscite l’inquiétude.
Elle a aussi suscité, depuis mars, une levée internationale de boucliers. L’ONU s’est même émue que la Gambie envisage de devenir le tout premier pays au monde à annuler l’interdiction de telles mutilations. Le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a quant à lui décroché son téléphone pour faire part de sa crainte au président gambien, Adama Barrow. Des interventions qui ne sont pas de nature à décourager des opinions ouest-africaines, qui ont plutôt tendance, ces derniers mois, à se braquer contre les donneurs de leçons occidentaux.
Depuis longtemps, les scientifiques ont démontré les conséquences néfastes de l’ablation du clitoris ou de toute autre partie des organes génitaux, aussi bien psychologiques ou que physiques, avec ses risques d’infections, de saignements, de stérilité ou de complications en couches. Malgré tout, sur le sujet des mutilation comme sur d’autres (la peine de mort ou les droits des minorités sexuelles), les sociétés africaines ont toujours en leur sein des franges conservatrices.
Les avocats de l’excision brandissent souvent des arguments religieux, malgré l’infirmation des érudits des textes saints. Ils s’arc-boutent sur un vague enracinement de la pratique dans les croyances traditionnelles et les us culturels.
C’est ainsi que ,lorsque les autorités transitoires burkinabè ont récemment décidé la promotion des coutumes et des traditions, a alors commencé à fleurir le débat sur une excision pourtant officiellement qualifiée d’acte d’oppression depuis l’ère sankariste. Les traditions les plus réactionnaires constitueraient-elles un bon argument anti-impérialiste, pour peu que lesdites pratiques choquent l’Occident ?
Il y a quelques jours, en Sierra Leone, à l’occasion de l’interdiction du mariage des enfants, les défenseurs des droits des filles regrettaient que la mesure ne soit pas accompagnée d’une interdiction des mutilations génitales féminines.