En France, les premiers pas du nouveau gouvernement, déjà menacé de censure

Estimated read time 4 min read
Déjà critiqué et menacé de censure, le nouveau gouvernement français fait ses premiers pas lundi, deux mois et demi après des élections législatives anticipées qui n’ont dégagé aucune majorité et ont retardé l’élaboration du budget 2025.
 
Le Premier ministre Michel Barnier (LR, droite) a selon son entourage, promis un gouvernement « républicain, progressiste et européen » lundi matin devant ses 39 ministres réunis pour un premier « petit-déjeuner gouvernemental » de plus de deux heures à Matignon, l’hôtel particulier qui abrite les services du Premier ministre.
 
Un premier Conseil des ministres est prévu à 15H00 (13H00 GMT) autour du chef de l’Etat Emmanuel Macron.
 
L’ancien commissaire européen et négociateur en chef du Brexit a demandé lundi matin à ses ministres, très majoritairement issus de la droite et du mouvement libéral de M. Macron, d’avoir « du respect » pour « tous les partis politiques », alors que son équipe est déjà traversée par des tensions.
 
Inquiets de la présence au sein du gouvernement de ministres conservateurs, certains macronistes ont demandé ces derniers jours au Premier ministre des assurances sur les lois sociétales comme le droit à l’avortement ou le « mariage pour tous » – la loi du gouvernement du socialiste François Hollande, qui a permis aux  couples  homosexuels de s’unir par le mariage.
 
Les « grandes lois » de « progrès social ou sociétal » seront « préservées », a affirmé dimanche soir sur France 2 M. Barnier, nommé le 5 septembre à la tête du gouvernement par le chef de l’Etat.
 
Lundi le nouveau ministre de l’Intérieur (LR, droite) Bruno Retailleau a fait savoir que sa priorité était de « rétablir l’ordre ».
 
De son côté le nouveau chef de la diplomatie française, le centriste Jean-Noël Barrot, a lui promis qu' »en Ukraine, au Proche-Orient, en Haïti, dans la région des Grands Lacs, en mer de Chine, ce ministère défendra corps et âme le droit international au service d’une paix juste ».
 
– Rassurer –
Alors que l’élaboration du budget 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est l’urgence numéro un, M. Barnier a promis de ne « pas alourdir encore l’impôt sur l’ensemble des Français ».
 
Mais « les plus riches doivent prendre part à l’effort de solidarité », a-t-il prévenu, sans se prononcer directement sur un rétablissement de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune), réclamé par la gauche.
 
« Une grande partie de notre dette est émise sur les marchés internationaux, extérieurs, il faut garder la crédibilité de la France », a-t-il ajouté. Le pays fait, comme plusieurs autres membres de l’UE, l’objet d’une procédure pour déficit excessif de la part de Bruxelles.
 
M. Barnier s’est aussi engagé à « prendre le temps d’améliorer » la très contestée réforme des retraites, sans livrer de détails.
 
– Garanties insuffisantes –
Des garanties insuffisantes pour la gauche, qui a déjà promis de rédiger une motion de censure du nouvel exécutif.
 
Le texte sera déposé par les socialistes, qui font partie du Nouveau Front populaire (NFP) – la coalition arrivée en tête des législatives des 30 juin et 7 juillet, mais sans obtenir de majorité – après le discours de politique générale de M. Barnier le 1er octobre, selon le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
 
Le nouvel exécutif, dont la composition avait été dévoilée samedi, fait la part belle au parti du président Macron, Renaissance, et une bonne place à celui de droite Les Républicains (LR).
 
Les deux formations sont pourtant sorties en net recul aux législatives provoquées par la dissolution controversée de l’Assemblée nationale par M. Macron.
 
Pour aboutir, une motion de censure doit recueillir les voix du Rassemblement national (RN), le parti d’extrême droite de Marine Le Pen, ce qui pour l’instant est peu probable. Le vice-président du RN Sébastien Chenu a confirmé lundi que son parti ne censurerait pas « avant d’avoir vu le budget ».
 
« Nous allons peser sur ce gouvernement » et « nous prendrons nos responsabilités », le cas échéant, a toutefois ajouté le député dont le groupe est arrivé troisième aux législatives derrière le bloc centriste, après une importante progression.

Sur le même sujet

+ There are no comments

Add yours