La boxeuse algérienne Imane Khelif, qui s’est retrouvée malgré elle au coeur d’une controverse sur le genre pendant les JO de Paris, s’est qualifiée mardi pour la finale du tournoi des -66 kg, s’assurant au minimum une médaille d’argent.
Dans un stade de Roland-Garros festif, survolté et acquis à sa cause, l’Algérienne de 25 ans a battu en demi-finale la Thaïlandaise Janjaem Suwannapheng aux points à l’unanimité des juges.
Elle affrontera en finale la Chinoise Yang Liu, vendredi à 21h50.
Alors qu’elle avait fondu en larmes à l’issue de son quart de finale, elle a cette fois célébré sa victoire en sautant de joie, avant de courir embrasser des proches présents en tribunes.
« Je suis très fière de ce nouveau résultat », a déclaré la boxeuse au micro de beIN Sports. « J’ai donné tout ce que j’avais. Nous avons travaillé en équipe pendant des années et le rêve devient réalité. »
Khelif avait fait son entrée sur le ring vers 22h40, largement soutenue par le public, avec des drapeaux algériens brandis aux quatre coins du Court Philippe-Chatrier. Des cris de « Imane, Imane! » l’ont accompagnée durant les trois rounds du combat.
Soutenue par le CIO, Khelif dispute ses deuxièmes JO après ceux de Tokyo et a pris part à de nombreux tournois de boxe féminine sans que sa participation ne suscite de critiques.
La polémique qui a éclaté à Paris trouve son origine dans son exclusion des Championnats du monde à New Delhi en mars 2023 au motif, selon la Fédération internationale de boxe (IBA), qu’elle avait échoué à un test destiné à établir son genre.
L’IBA, instance non-reconnue par le monde olympique, a refusé de préciser quel type de test avait été pratiqué, tout en réfutant qu’il s’agissait d’une analyse du taux de testostérone.
Pour le CIO, son éligibilité ne fait aucun doute: elle peut participer aux Jeux dans le tournoi féminin. Mais l’exclusion de New Delhi a refait surface quand son adversaire au premier tour, l’Italienne Angela Carini, a abandonné dès les premières secondes de leur combat.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni s’en est mêlée, dénonçant « un combat qui n’était pas sur un pied d’égalité ». En pleine campagne présidentielle américaine, Donald Trump s’était aussi emparé du sujet.
Plusieurs associations ont dénoncé auprès de l’AFP « un faux débat » mené par les milieux conservateurs.
« Je suis concentrée sur ma compétition et le reste n’a pas d’importance », a déclaré la boxeuse à beIN Sports qui l’interrogeait sur les attaques qu’elle a subies, notamment sur les réseaux sociaux. « L’important, c’est que je suis en finale. »
Les cafés d’Alger se sont enflammés en soirée pour la boxeuse, a constaté un journaliste de l’AFP. Plusieurs dizaines de personnes étaient ainsi rassemblées au restaurant Amine La Cantine, au val d’Hydra, sur les hauteurs de la capitale.
« Nous sommes très fiers d’elle, nous attendons la médaille d’or », s’est réjoui Amine Keddou, le patron de l’établissement. « Elle a honoré l’Algérie. »
« Merci #Iman_Khalif d’avoir rendu tous les Algériens heureux, avec cette forte et magnifique qualification pour la finale », a réagi de son côté le président algérien Abdelmadjid Tebboune sur X. « Le plus important a été atteint, et par la volonté de Dieu, l’or. »
Qualifiée pour les demi-finales dans une autre catégorie, la Taïwainaise Lin Yu-ting (-57 kg), se retrouve également au centre d’une controverse similaire. Elle doit combattre mercredi pour tenter d’accéder à la finale.
Le CIO de son côté a renouvelé à plusieurs reprises son soutien aux deux boxeuses.