Cible récurrente de propos racistes lors de matchs de Liga, le favori du Ballon d’or Vinicius est le symbole de la lutte contre le racisme dans le football espagnol.
Les événements récents ont une nouvelle fois rappelé le problème auquel faisait face le football espagnol. Lors du Clasico, des insultes racistes ont été proférées par des spectateurs envers des joueurs du FC Barcelone. De quoi susciter une réaction rapide de Vinicius Jr. sur son compte X.
« Ce qui s’est passé hier à Bernabéu avec des insultes racistes est regrettable. Il n’y a pas de place pour ces criminels dans notre société. Tout mon soutien à Lamine, Ansu et Raphinha. Je sais que Madrid et la police vont faire des choses pour identifier et punir les coupables !! », a écrit le Brésilien. Ces dernières années, Vinicius Jr. est devenu le symbole de la lutte contre le racisme dans les stades espagnols. D’abord puisqu’il en a régulièrement été victime, mais aussi car il s’y est toujours opposé.
« Ce championnat est aujourd’hui celui des racistes »
En mai 2023, après avoir été victime d’attaques racistes à Valence, l’ailier gauche avait pris la parole sur son compte Instagram: « Ce n’est pas la première, la deuxième, ni la troisième fois. Le racisme est normal en Liga (…) Ce championnat qui a été celui de Ronaldinho, Ronaldo, Cristiano et Messi, est aujourd’hui celui des racistes. »
Des propos qui avaient largement fait réagir en Espagne. »A partir du moment où Vinicius n’a pas accepté, les racistes sont devenus furieux », assure Gustavo Hofman, correspondant brésilien d’ESPN à Madrid.
En s’opposant fermement aux actes racistes dont il est victime, l’ailier gauche a participé à la libération de la parole en Espagne, continue Gustavo Hofman: « Il renforce les conditions qui permettent aux autres joueurs victimes de racisme de pouvoir parler. Les joueurs de deuxième division se sentent plus forts parce que Vinicius parle de tout ça. Aujourd’hui, on les écoute. »
Son attitude évoquée par une partie du public espagnol
Mais lorsque que l’on évoque le racisme subi par Vinicius Jr. en Liga, certains renvoient à son attitude provocatrice sur le terrain. Dans une interview à Relevo en septembre dernier, l’ancien président de Valence Paco Roig expliquait par exemple les débordements à Mestalla par le fait que Vinicius était « une merde en tant que personne ».
Un discours est né chez une petite partie du public espagnol : si cela arrive à Vinicius, c’est simplement à cause de son attitude. « C’est un mensonge que propagent beaucoup les racistes. Ce n’est pas seulement Vinicius ! Ça prend juste plus d’ampleur qu’avec les autres », assure Gustavo Hofman.
Alors comment expliquer ce problème récurrent dans les stades? « C’est du racisme structurel, estime le journaliste brésilien basé à Madrid. On en parle beaucoup au Brésil, mais très peu en Espagne. Cela ne signifie pas que l’Espagne est raciste, ni que le Brésil est raciste, mais que les deux sociétés ont un racisme structurel. Tous les Espagnols ne sont pas racistes évidemment. Il faut que l’on parle davantage du racisme structurel ici pour mieux comprendre ce que ressentent les personnes qui souffrent de racisme. »
La Coupe du monde 2030 remise en question par Vinicius
Une vision visiblement partagée par Vinicius Jr. lui-même. Dans une interview pour CNN début septembre, il se demandait « comment les joueurs pourraient se sentir en sécurité dans un pays où ils peuvent subir ce genre d’insultes », tout en précisant qu’il s’agissait « d’un petit groupe actif qui finit par salir l’image d’un pays où il fait tout de même bon vivre ».
« Si les choses n’évoluent pas avant 2030, il faudrait changer le lieu de la Coupe du monde », avait-il ajouté, provoquant une nouvelle fois des avis divergeants en Espagne. En 2023, on décomptait 52 épisodes racistes dans les stades espagnols selon l’organisation Movimiento Contra la Intolerancia, soit plus d’un cas de racisme par journée de Liga.