Israël a commis une « erreur stratégique » qui va lui « coûter cher » en tuant le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh à Téhéran la semaine dernière, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim dans un entretien accordé jeudi à l’AFP.
« L’acte que les sionistes ont commis à Téhéran est une erreur stratégique et leur coûtera cher », a affirmé Ali Bagheri s’exprimant à Jeddah, au lendemain d’une réunion extraordinaire de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Il a accusé Israël de vouloir « étendre la guerre » dans la région, tout en jugeant qu’il n’a « ni la capacité ni la force » pour combattre l’Iran.
Les responsables iraniens multiplient les menaces d’une riposte envers Israël, qui n’a toujours pas commenté la mort de Ismaïl Haniyeh, le 31 juillet.
La réunion des ministres des Affaires étrangères, ou de leurs représentants, des 57 membres de l’OCI a débouché sur une déclaration tenant Israël pour « entièrement responsable » de l’assassinat « odieux » du chef du Hamas, qui vivait au Qatar et jouait un rôle de premier plan dans les pourparlers pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Malgré les craintes d’une escalade dans la région et les appels à la retenue de Washington, M. Bagheri a mis en avant le soutien à son pays exprimé par les membres de l’OCI.
« Ceux à qui nous avons parlé hier, que ce soit par téléphone ou directement, ont tous souligné le droit de la République islamique d’Iran de riposter à ce crime terroriste », a-t-il affirmé.
« Les pays occidentaux, qui disent avoir demandé à l’Iran de restreindre sa réponse, ne sont pas en position de conseiller » quoi que ce soit à Téhéran, a encore souligné M. Bagheri.
– La nomination de Sinouar saluée –
Il a par ailleurs salué la nomination, mardi soir, de Yahya Sinouar comme chef du Hamas pour succéder à Ismaïl Haniyeh, cité dans un communiqué publié par le ministère.
« Cette sélection, au moment critique actuel, apporte espoir, cohésion, autorité et victoire au mouvement Hamas, à la nation héroïque de Palestine et à l’axe de la résistance », affirme-t-il.
Les analystes estiment que le nouveau chef du Hamas – considéré par Israël comme le cerveau de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien du 7 octobre – serait plus réticent à accepter un cessez-le-feu à Gaza et plus proche de Téhéran que son prédécesseur.
Le Hezbollah pro-iranien, allié libanais du Hamas, s’est également engagé à riposter à l’assassinat de Ismaïl Haniyeh, ainsi qu’à celui de son commandant militaire Fouad Chokr tué le 30 juillet par une frappe israélienne à Beyrouth.
Avec le Hezbollah et d’autres groupes soutenus par l’Iran comme les rebelles Houthis du Yémen, « nous avons des objectifs similaires mais, sur le terrain, chaque mouvement de résistance agit en fonction de sa propre compréhension de la situation et de ses intérêts », a encore affirmé M. Bagheri à l’AFP.
Il a appelé Washington et d’autres pays à cesser d’envoyer des armes à Israël qui pourraient être utilisées à Gaza, ainsi qu’à cesser l’aide économique et rompre les relations diplomatiques avec Israël.
« Les pays qui fournissent armes et équipements, les pays qui ont des liens économiques et diplomatiques avec le régime sioniste qui commet tant de crimes, doivent expliquer pourquoi cette situation perdure », a-t-il dit.
La guerre à Gaza a été déclenché par l’attaque des commandos du Hamas dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1.198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l’armée israélienne.
En représailles, Israël a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 39.677 morts d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.