Mali-Algérie: Les militaires algériens autorisés à prendre les armes à la frontière sud

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Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a dirigé dimanche dernier une réunion du Haut Conseil de Sécurité, réunissant les principaux responsables militaires et de sécurité du pays. Cette réunion, convoquée en pleine campagne pour les élections présidentielles anticipées du 7 septembre, a suscité une grande curiosité à Alger, notamment parce que Tebboune n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature pour un deuxième mandat.

Cette rencontre d’urgence a été organisée pour aborder les opérations militaires en cours près des frontières algériennes, menées par les forces armées maliennes en collaboration avec des paramilitaires russes.

L’inquiétude des autorités algériennes concerne l’impact potentiel de ces opérations, en particulier celles dirigées contre des groupes armés touaregs avec lesquels l’Algérie entretient des relations étroites.

Le régime algérien n’apprécie pas de voir les autorités maliennes mener des opérations sécuritaires près des frontières algériennes. La semaine dernière, les tensions entre l’Algérie et le Mali se sont exacerbées au point de provoquer des diatribes à l’ONU entre les ambassadeurs des deux pays.

Critiquant les opérations sécuritaires menées par l’armée malienne avec le soutien des mercenaires du groupe russe Wagner, l’Algérie a aussitôt répliqué le 27 août en envoyant un chasseur afin de dissuader un drone de l’armée malienne et le faire battre en retraite.

La réunion du Haut Conseil de Sécurité algérien a abordé ce sujet et a adopté une décision radicale : les forces armées algériennes sont désormais autorisées à neutraliser, détruire et abattre tout équipement militaire qui s’approche trop près des frontières selon Maghreb intelligence.

Cette mesure ciblerait en particulier les drones turcs et russes utilisés par les forces maliennes près de la frontière. Les autorités militaires algériennes ont reçu l’instruction de prendre des mesures pour empêcher toute menace militaire.

De plus, l’armée algérienne aurait reçu l’ordre d’intervenir pour protéger les civils touaregs vivant à proximité de la frontière, afin d’éviter des mouvements de populations vers l’Algérie qui pourraient exacerber la situation.

Mais pour Bamako, de lourds soupçons pèsent sur les intentions réelles de l’Algérie et des doutes concernent les liens entretenus entre les autorités algériennes et les groupes armés indépendantistes que le Mali essaye de combattre pour sécuriser le pays.

Les liens entre l’Algérie et les leaders de groupes terroristes agissant au Sahel sont avérés. Ces derniers utilisent le vaste désert algérien comme base arrière pour éviter d’être ciblés par les opérations sécuritaires.

Pour rappel, les tensions sont montées entre le Mali et l’Algérie depuis qu’Alger ait accueilli des rebelles chassés de Kidal fin 2023. Les relations se sont encore plus dégradées lorsque l’Algérie a accordé l’asile à l’imam Mahamoud Dicko, critique du président Assimi Goïta, poussant les autorités maliennes à déclarer l’Accord d’Alger caduc.

La région de Tinzaoutène où s’est déroulée la dernière opération militaire malienne est devenue ces dernières années un territoire où se mêlent groupes terroristes et narcotrafiquants. C’est une région que l’Algérie a intérêt à garder instable et les récents revers militaires des rebelles également à Kidal, Aguel Hock, et Tessalit, a provoqué l’ire des dirigeants algériens, d’où les critiques devant l’ONU et les opérations d’intimidation en cours tout le long de la frontière algéro-malienne.

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