Renforcer la paix, la cohésion sociale et la réconciliation dans la région de Kidal…C’est dans ce but que le général Elhadj Ag Gamou, gouverneur de la région, a lancé un appel, en début de semaine, le 20 août, aux » forces vives » et aux autorités locales.
S’il s’est dit satisfait de l’évolution de la situation à Kidal, cette démarche soulève toutefois la question de la cohabitation entre les différentes communautés à Kidal et la capacité de l’Etat malien à garantir une cohésion sociale, après y avoir chassé les groupes armés qui affirment défendre certaines de ces communautés.
« Un appel au soutien »
En novembre 2023, les groupes séparatistes rebelles qui occupaient Kidal depuis 2012 étaient chassés par les forces armées maliennes, soutenues par les paramilitaires russes du groupe Wagner.
La reprise de Kidal par l’armée malienne a marqué un tournant et entraîné la reprise des combats entre les forces gouvernementales et celles signataires de l’accord d’Alger, ce qui a d’ailleurs accéléré la fin de ce dernier.
Depuis, l’Etat malien semble ne pas avoir pour autant renoncé à l’idée du dialogue pour ramener la paix. Fin 2023, un dialogue intermalien a ainsi été lancé par les autorités de transition.
Et il semble que le gouverneur de Kidal, le général Elhadj Ag Gamou, s’inscrive également dans cette logique.
Fousseynou Ouattara est membre du Conseil national de transition, l’organe législatif, non élu, qui a remplacé l’Assemblée nationale. Il affirme toutefois qu’il s’agit d’un appel à soutenir l’Etat plutôt que d’un véritable dialogue.« Le gouverneur, le général Elhadj Ag Gamou, a appelé tous les habitants de Kidal à faire preuve de sagesse et à apporter leur soutien aux forces de défense et de sécurité du Mali » assure-t-il alors que les forces militaires peinent toujours à stabiliser le nord du Mali où des attaques sont toujours menées par les groupes armés.
La circulation des armes, un fléau
Alhousseini Alhadji est éditorialiste et analyste malien, il estime que nombreuses sont les communautés au Mali qui aspirent au dialogue pour construire la paix, Selon lui il est primordial de pouvoir s’exprimer librement et d’éviter l’exclusion. « Personne, aucune communauté, n’est à exclure, même celles qui ont pris les armes. A condition que ces discussions se fassent sans les armes », affirme-t-il.
Alhousseini Alhadji explique par ailleurs que « le plus grand problème auquel font face les populations, c’est la circulation des armes ». Selon lui, il est donc important de « déposer les armes pour discuter et dire ce qui ne va pas, entre Maliens » pour pouvoir « construire ensemble la paix ».
Une construction de la paix qui pourrait se faire aussi avec ceux qui ont été contraints de quitter Kidal. Selon le gouverneur de Kidal, il y aurait un retour encourageant des déplacés dans la région.
Le dialogue pour ramener la paix
Kidal est une région où vivent plusieurs communautés, rappelle Seidik Abba, responsable du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel.
Pour lui « il faut surtout éviter de tomber dans l’erreur qui consiste à penser qu’à Kidal, il n’y a que la communauté touareg. Il y a des frictions au sein même de la communauté touareg et il y a d’autres communautés (…). »
Selon l’expert » le retour à la paix dans la région de Kidal, le retour à la paix dans le nord du Mali ne peut se faire que par le dialogue. Il est illusoire de penser que la force armée suffirait, la reconquête de Kidal ne peut pas suffire à ramener la paix… «
La région de Kidal est en effet peuplée par des Touareg (Kel Tamajeq), des Songhais, des Berbères et des Arabes… Une diversité dont il faut tenir compte.
Auteur: Carole Assignon