Mamoudou Sissoko secrétaire général du CSDM : “L’institutionnalisation du bon de trésor et une banque d’investissement pour la diaspora”

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La contribution de la diaspora malienne au développement est plus que l’aide publique au développement. En 2019, selon le CSDM, c’était plus de 11 % du PIB national. Comment canaliser cette contribution pour en faire des opportunités d’investissements était l’un des piliers centraux des débats lors des Etats généraux. Le CSDM recommande à cet effet deux actions fortes : l’institutionnalisation du bon de trésor de la diaspora et une banque d’investissement.

 En plus de la relecture des textes qui, pour le secrétaire général du CSDM, réduit la représentativité de la diaspora à une seule association dont le Haut conseil des Maliens de l’extérieur (HCME), le CSDM est préoccupé par la diaspora et le développement aussi. L’association demande l’institutionnalisation du bon de trésor de la diaspora. Le bon de trésor est une initiative du CSDM, selon M. Sissoko, pour pouvoir venir en aide au gouvernement en levant des fonds et en finançant les dépenses publiques.

Le bon de trésor, c’est des obligations de l’Etat qui permettent à l’Etat de faire recours à des particuliers, des organisations à pouvoir vraiment investir et qui permet à l’Etat d’avoir une manne financière en vue d’investir dans les différentes dépenses publiques. Ces dépenses publiques peuvent aller au niveau des infrastructures sociales de base comme les routes, les hôpitaux, l’école, etc. pour permettre à l’économie de se développer.

Pour M. Sissoko aujourd’hui la réalité géopolitique est une opportunité pour l’Etat d’aller vers la diaspora et la diaspora, qui est une manne financière, d’investir au pays en se souscrivant à ces bons.

En plus des bons de trésor, le CSDM souhaite la création d’une banque d’investissement pour la diaspora. “Puisque quand la diaspora veut venir investir dans le pays et qu’il n’y pas d’accompagnement financier, cela met un frein à venir aider le pays”, souligne notre interlocuteur pour qui, cette opportunité mettra aussi fin à la lourdeur administrative qui existe au Mali.

“Quelqu’un qui veut investir au Mali, se fait trainer de département en département et y a aussi la bureaucratie. D’aucuns demandent, pour signer certains documents, des parts de pourcentage dans ton entreprise. Ceci sont des éléments qui découragent l’investissement”, ajoute Mamoudou Sissoko sans oublier la sécurisation des projets.

 

PASCAL REYNTJENS LE REPRESENTANT DE L’OIM

“La migration sûre, régulière et coordonnée”

 L’Organisation internationale pour la migration (OMI) du Système des Nations unies n’est pas restée en marge des Etats généraux de la migration. Elle a pris une part entière aux débats et panels à travers son représentant au Mali, Pascal Reyntjens, qui n’a cessé d’insister sur trois points clés : faire de la migration un choix par la migration régulière, produire des données fiables de migrants et promouvoir le dialogue interétatique et global sur la migration.

 Pour M. Reyntjens, la migration sûre et régulière demeurant l’un des messages clés de l’Organisation internationale pour la migration passe à tout moment. Cette migration, dit-il, bénéficie à toutes et à tous, y compris les Etats mais aussi les êtres humains.

“Il faut savoir qu’à partir du moment où on s’engage dans la migration, la mobilité, on s’engage dans l’échange avec les autres, dans la compréhension des uns et des autres. On s’engage éventuellement dans le développement de ses capacités. On garde le lien avec son pays d’origine et on peut aussi contribuer au développement économique social et culturel et aussi politique”, plaide le chef de l’OIM au Mali. 78 13 11 15

Il faut continuer à favoriser un dialogue international sur les questions migratoires, rappelle-t-il. Et d’ajouter : “On parle très souvent du grand voisin européen, mais la question migratoire est globale au niveau de l’Afrique. La migration (sud-sud), intra-africaine est bien plus élevée que la migration sud-nord. Ça ne va pas dire qu’on doit privilégier l’une par rapport à l’autre, on doit trouver des réponses parallèles pas spécialement similaires”.

Il s’agit, à l’en croire, de permettre la mise en place des mécanismes, qui permettront à tout un chacun de faire un choix positif sur la migration et non un choix par défaut. “Que des personnes qui ont des projets de vie puissent les réaliser de manière positive et non pas par défaut en devant quitter un endroit pour différentes raisons (sociales, économiques), propose M. Reyntjens. Sans oublier la question du changement climatique, en conclusion, “qui doit être aussi au centre de toutes les préoccupations”.

Dr. ABDRAHAMANE SYLLA, EX-MINISTRE DES MALIENS DE L’EXTERIEUR

“Faciliter l’obtention des visas pour tous pour lutter contre l’immigration irrégulière”

 L’ancien ministre des Maliens de l’extérieur, Dr. Sylla ne va pas avec le dos de la cuillère. Pour lui, c’est le refus de délivrer le visa qui nourrit l’immigration irrégulière. Il va jusqu’à pointer la couleur de la peau et l’origine. Pour Dr. Sylla, en livrant facilement les visas, les réseaux de passeurs ne seront plus nourris. C’était lors du panel sur la migration irrégulière. Il a pris part.

“J’ai l’impression qu’il existe deux humanités. Une humanité qui existe pour les autres et une autre qui existe pour nous les pauvres. A Rome comme à Madrid, je ne comprenais qu’eux au bord de la Méditerranée, tous ces navires arrivent à échapper à la mort, c’est là où on accoste. Et quand vous voyez à la télévision ce qui se passe, c’est très émouvant. Ce n’est pas normal. Je pense que c’est de l’hypocrisie pure et simple.

Moi j’ai reçu un ambassadeur, je ne le cache pas. Un ambassadeur européen dans mon bureau. Il est venu me dire que son pays s’apprêtait à recevoir 1,5 million de migrants mais au même moment, il allait me solliciter pour expatrier 400 Maliens. Je lui ai posé la question où est l’humanité ?

Vous voulez héberger 1,5 million et vous voulez renvoyer 400 Maliens. Je lui ai dit : Est-ce que c’est lier à la couleur de la peau ? Il a rougi. C’était ça la vérité. On crée tous les obstacles possibles sinon il y a rien de plus facile que d’obtenir des visas. Un migrant qui se trouve quelque part chez lui, s’il n’a pas de boulot, il reviendra chez lui. Pourquoi les empêcher d’avoir des visas. Pourquoi nourrir le réseau des passeurs”, interroge-t-il.

Koureichy Cissé

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