Crise au Niger : La Cedeao aux abois

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Suite au coup d’État militaire perpétré contre le régime de Mohamed Bazoum au Niger, les chefs d’État de la communauté économique et monétaire des États d’Afrique de l’ouest (Cédéao), ont décidé d’activer leur force en attente contre les auteurs. L’annonce a été faite ce jeudi 10 août 2023, en marge du sommet extraordinaire des chefs d’État tenu à Abuja au Nigeria. L’organisation sous régionale se trouve aux abois dans ce bourbier nigérien.

Au moment où l’instance sous régionale est censée accompagner les pays en difficulté, elle a choisi d’être un adversaire à travers ses prises de décisions.  En plus des mesures drastiques prises contre le Niger, la Cédéao a annoncé l’activation de ses forces en attente.  Cette décision est la conclusion du sommet extraordinaire des chefs d’État tenu ce jeudi 10 août 2023 à Abuja.

Suite à ces agissements, le Mali et le Burkina Faso ont, à travers un communiqué conjoint, apporté leur soutien aux autorités du Niger. La question qui se pose est de savoir quel avenir entre les trois pays et la Cédéao. Au regard de la prise de position de ces pays, on est en droit dire que la Cédéao risque de se retrouver à 13 pays membres dans les jours à venir si les chefs d’État ne reviennent pas sur leur décision. Car l’on sait déjà qu’il y a du gaz en l’air entre l’organisation sous régionale et les trois pays en situation transitoire. Si la Cédéao garde sa position de servir les Occidentaux, les trois pays qui regardent dans la même direction sont en train de donner la main à la Russie dans le cadre d’un partenariat.

Elle s’est opposée à toute intervention militaire de la part de la Cédéao au Niger. Si les condamnations de principe et les appels à libérer le président-prisonnier, Mohamed Bazoum, et à le réinstaller dans ses fonctions de président de la République constituent la solution de Cédéao pour une sortie de crise. Pour l’instant, elle aboie et la caravane des putschistes passe.

Mais visiblement, ce n’est pas que Mohamed Bazoum qui souffre de ce coup d’Etat. Les populations nigériennes et même celles des pays qui appliquent les sanctions drastiques de la Cedeao contre le Niger ressentent durement les effets qui rendent le quotidien intenable.

Pour le moment, chaque camp garde sa posture. La situation ne fait qu’empirer avec des décisions diversement appréciées. Elles sont applaudies par les uns et rejetées par les autres. Même les initiatives privilégiant les négociations entre les acteurs de la crise, d’où qu’elles viennent, se butent à un mur aussi haut qu’imperméable. Toute chose qui fait craindre une rupture de dialogue, et l’instauration d’une méfiance permanente sur fond de menace inutile et improductive de la part de la Cedeao.

Il est temps que le seul et unique enjeu qui vaille soit l’intérêt du Niger qui semblait avoir emprunté la voie si heureuse de la stabilité socio-politique. Les plus longues guerres finissent presque toujours autour d’une petite table de négociation. Pourquoi ne pas se donner le temps de se parler avant la catastrophe ? En attendant, de nombreuses sont sont en danger, notamment celles de populations.

« Le temps perdu ne se rattrape jamais », a-t-on coutume de dire. Donc plus tard sera trop tard pour le Niger dont les prouesses économiques et diplomatiques avaient pourtant commencé à faire des envieux. En attendant, il faut libérer le peuple nigérien. Il n’aspire qu’à vivre en toute quiétude, débarrassé des desseins personnels de ceux qui se présentent comme les sapeurs-pompiers.

En tout cas, les défis sont lancés. La Cédéao qui se présente aujourd’hui comme le roi de la sous-région a toujours ignoré les causes des coups de force. Elle privilègie les sanctions comme solution. Ce qui provoque le ras-le-bol des populations profondément déçues de la gouvernance de ces dirigeants.

La Cédéao reviendra-t-elle à la raison ? Tout compte fait, l’atmosphère est tendue entre l’organisation sous régionale et le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Au regard des agissements récents, on est en droit de dire que la situation tourne déjà au vinaigre pour la Cédéao qui risque de se voir réduite en 12 pays membres.

Siriki KONE

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