Après le renvoi de Barkhane, le carton rouge à la MINUSMA : Le Mali face à l’adversité plus accrue des Occidentaux ?

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Après le camouflet enregistré par la France avec le renvoi de sa force Barkhane, accusée de connivence avec les groupes armés terroristes, c’est le tour de la force onusienne, la MINUSMA de se faire éconduire par les autorités maliennes. Quelles conséquences, ces ruptures pourraient avoir sur la place de l’Etat malien dans le concert des Nations ?

Le mandat de la MINUSMA s’était résolument refusé à se réadapter au contexte de lutte anti-terroriste, au point que sa présence sur le sol malien était devenue plus qu’encombrante. C’est ainsi que prenant leur courage à deux mains, comme l’exigeaient une écrasante majorité du peuple malien, les autorités de la Transition ont exigé finalement « le retrait sans délai » de cette force onusienne. Surtout que celle est devenue un « problème », au lieu d’être une « solution ». Désormais, l’on ne peut que dire que le vin est tiré et il faut le boire et ce jusqu’à la lie ! Ceci, dans la mesure où il faut s’attendre à des actions de représailles ou de sabotage des efforts nationaux et autonomes de lutte contre les groupes armés terroristes.

En effet, sous le prisme des droits de l’Homme, le Mali pourrait être la cible de campagnes subversives et d’actions de ternissement de l’image du pays. C’est dans ce sens que les chancelleries occidentales pourraient faire feu de tout bois pour déstabiliser les autorités de la Transition, en commençant par leur chef, le Col Assimi Goïta. Ce dernier pourrait alors choisir de tenir tête frontalement à ces Occidentaux, en surfant sur ses bons rapports avec la Russie de Vladimir Poutine.

Le récent Rapport de la Division des droits de l’Homme de l’ONU sur les événements de Moura ( de mars à avril 2022)  comporte des menaces à peine voilées de poursuite contre de hauts responsables militaires de la Transition malienne . Ces menaces de poursuites pour de prétendues violations graves des droits humains, dont des crimes de guerre, ne pourraient être mises à exécution que si le pouvoir de Transition décidait d’aller dans ce sens.

Or, le pouvoir du Col Assimi Goïta s’est résolument inscrit dans une stratégie de rupture d’avec cette communauté internationale, du moins celle d’obédience occidentale coiffée par la France et ses alliés. Ce qui fait d’ailleurs que même l’opinion publique à Bamako préconise le retrait du Mali de la convention créant la CPI, pour ne pas risquer une quelconque poursuite de ses dirigeants devant cette juridiction.

En plus, l’on sait que les dirigeants ou hauts responsables militaires, supposés dans le viseur de la CPI ou de juridictions spécialisées, ne peuvent être mis au banc des accusés que quand ils quittent le pouvoir. Ce fut par exemple le cas de Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, d’Hissein Habré du Tchad, de Jean-Pierre Bemba de la RDC, etc.

En clair, cette éventualité de poursuite aura le mérite de pousser le chef de la Transition malienne à se sentir comme obligé de s’arcbouter au pouvoir pour ne laisser aucune chance à cette procédure judiciaire de prospérer. C’est du reste ce qui fait que le pouvoir de Bamako a rassuré quant à sa volonté de diligenter des enquêtes internes.

C’est aussi ce qui fait que le gouvernement de Transition  a plutôt lancé une contre-offensive pour contrecarrer ces velléités de « diabolisation des forces armées maliennes », les accusant de divers crimes de violations des droits de l’Homme. Car, après ce rapport sur Moura, le gouvernement malien a accusé l’ONU « d’espionnage ».

Cette escalade ajoutée à la décision de renvoi de la force onusienne conduit les autorités maliennes vers la rupture totale d’avec non seulement la France, mais aussi avec les USA. Une situation qui va obliger Bamako à une radicalisation et à un ralliement filial vis-à-vis de Moscou. Toute chose qui va remettre en cause la géopolitique internationale, quand on sait que les Occidentaux d’une part et la Russie et ses proches alliés d’autre part jouent leur influence dans le monde à partir du Mali.  Sauf que l’on se perd en conjectures quant  à l’avenir de ce jeu d’influences et de convoitises des puissances du monde sur le Maliba.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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