Sécurisation du territoire malien : L’axe Bamako-Alger se renforce

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La sécurité au nord du Mali et sur l’ensemble du territoire malien est possible si tous les pays frontaliers s’impliquent et jouent franc jeu, l’Algérie en particulier. Si cette réalité n’était que secret de Polichinelle, Algériens et Maliens ont décidé de prendre le taureau de l’insécurité par les cornes pour montrer à la face du monde que le tournant est possible. Au cours de trois jours de travaux, qui ont pris fin le vendredi 13 janvier 2023 dans l’enceinte du Ministère de la Défense et des Anciens Combattants, le Comité Mixte algéro-malien, chargé du suivi de la coopération Militaire et Technique, a fait le point de la coopération militaire entre les deux pays, identifié les besoins prioritaires (Formations et équipements) des deux parties et défini les activités à effectuer pour l’année 2023. Les travaux de cette 16ème session du Comité Mixte Algéro-malien, se sont déroulés sous la coprésidence du Chef d’Etat-major Général Adjoint des Armées, le Général de Brigade Ousmane Wélé DIALLO, et du chef de la délégation de l’Etat-major algérien en visite de travail au Mali, le Général Berkale TOUFIK, représentant le chef d’Etat-major Général de l’Armée de la République Démocratique Populaire de l’Algérie.

Le Mali et l’Algérie, qui ont signé un procès-verbal à l’issue des travaux, entendent renforcer leur coopération en matière de défense. Le chef de la délégation de l’Etat-major Général de l’Armée de la République Démocratique Populaire de l’Algérie, le Général Berkale TOUFIK, a remercié les deux délégations pour leurs efforts et leurs contributions à la tenue de ce Comité Mixte algéro-malien. Il a souhaité voir renforcer davantage la coopération militaire entre les deux pays dans la lutte implacable engagée contre les groupes armés terroristes.

Pour sa part, le Chef d’Etat-major Général Adjoint des Armées, le Général de Brigade Ousmane Wélé DIALLO, a rassuré que les 9 activités qui ont été retenues lors de la dernière Session du Comité Mixte, dont 5 activités en Algérie et 4 activités au Mali, ont permis de renforcer le lien de fraternité et d’amitié entre les deux pays. Il a saisi l’occasion pour transmettre sa profonde gratitude, au nom du Chef d’Etat Major général des Armées (CEMGA), au Chef d’Etat-major Général de l’Armée de la République démocratique Populaire de l’Algérie pour son appui et son accompagnement aux Forces Armées Maliennes. Selon le Général Wélé, la tenue annuelle de ce comité mixte témoigne l’inébranlable engagement des deux armées à cheminer ensemble dans la lutte contre le terrorisme et les criminalités transfrontalières.

La délégation algérienne a, par la suite, échangé à huis clos avec le Secrétaire Général du ministère de la Défense et des Anciens Combattants, le Général de Division Sidiki SAMAKE. Assurément que c’est le lieu d’échanges sur des questions opérationnelles. Sans nul doute, au moment où le Mali a franchi le Rubicon, et a opté sans ambages pour le respect de sa Souveraineté, des choix de partenariat opérés et de ses choix stratégiques, ainsi que le respect des intérêts des Maliens, ce pays frère qu’est l’Algérie ne peut qu’accompagner par son soutien de qualité et alors sans ambiguïté.

Les autorités de la transition n’ont-elles pas fait déjà un effort herculéen par l’acquisition de matériels de guerre de pointe, tels les avions, les hélicoptères, les drones, les radars et autres engins terrestres. Conjuguée à la résilience inouïe jamais égalé du peuple malien, la hargne militaire incarnée par l’équipe d’Assimi Goïta a naturellement séduit et forcé l’admiration du voisin du nord, que les Maliens ne voyaient pas d’un bon œil et pour cause.

Le voisin algérien a certainement compris qu’il devait mieux faire en effet, pour regagner l’esprit de la communauté de destin sécuritaire dans le Sahel, œuvrer à ce que la digue Mali ne cède pas. Il y va de la sécurité du Sahel, de l’Afrique du Nord et même de l’Europe. Comment démentir cette réalité, quand on sait que les terroristes se sont dernièrement signalés au Maroc ?

La République du Mali et la République Algérienne Démocratique et Populaire entretiennent de très longues années d’amitié liée à l’histoire et à la géographie. Les deux pays se partagent 1 329 km de ligne frontalière entièrement bornée depuis 1985. Sur le plan sécuritaire, la ligne frontalière est caractérisée par sa porosité et des assauts terroristes multiformes.

L’Accord de coopération militaire et technique entre le Mali et l’Algérie date du 26 décembre 2001 et sa ratification le 19 juin 2003. C’est en Octobre 2005, qu’un Comité Mixte algéro-malien chargé du Suivi de la Coopération Militaire et Technique a été créé. Celui-ci se réunit tous les ans et tient ses travaux alternativement au Mali et en Algérie. La première session du comité a eu lieu en 2006 et sa 15ème Session à Alger du 15 au 17 février 2022.

L’Algérie a coordonné les négociations ayant abouti à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger signé à Bamako en 2015. En sa qualité de Chef de File de la Médiation internationale, l’Algérie dirige le Comité de suivi de l’Accord (CSA). Les partenaires de l’Accord issu du processus d’Alger se sont réunis pour la première fois dans la ville de Kidal, en février 2021.

Au-delà de la question sécuritaire, de nombreux points d’intérêts brulants achoppent les relations entre Maliens et Algériens, comme la Relance du Conseil d’Affaires Algéro-Malien, le Processus d’attribution de la 4ème Licence mobile et les activités de recherche pétrolière sur le bloc du Bassin de Taoudéni. S’y ajoute la situation de la diaspora malienne, qui aspire à de meilleures conditions de vie en Algérie. Cette communauté malienne en Algérie est évaluée à 7 000 personnes et vit majoritairement dans la partie méridionale du pays (Tamanrasset, Adrar, Ghardaïa, Bechar) et à Alger.

A noter que la coopération entre le Mali et l’Algérie souffre suffisamment de la crise sécuritaire que vit le Mali et dont l’épicentre a été à l’origine, le Nord du Mali, avant de s’étendre sur le centre. On s’interroge aujourd’hui sur le sort réservé aux organes bilatéraux, comme la Grande Commission Mixte de Coopération Mali-Algérie ; le Comité Bilatéral Stratégique Maliano-Algérien ; le Comité bilatéral Frontalier Maliano-Algérien ; la Commission Mixte de Sécurité Maliano-Algérienne. On ne s’interroge pas moins sur l’évolution attendue du Comité d’État-major Opérationnel Conjoint (CEMOC) réunissant l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, surtout au moment où tombe dans les oubliettes, la Force conjointe du G5 Sahel créée en 2017 pour répondre à l’expansion des groupes extrémistes armés et violents et à la détérioration de la situation sécuritaire dans la région. Le carrousel mis en route sous l’égide de la France, le G5 Sahel inclut le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et exclut l’Algérie. Le retrait du Mali de cette organisation a signé son acte de décès. Le G5 Sahel est mort, vive le CEMOC !

B. Daou

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