Mali : Des opposants intègrent la commission de finalisation de la nouvelle Constitution

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Au Mali, le Président de Transition, le Colonel Assimi Goïta, a publié, le 27 janvier 2023, un nouveau décret nommant les 69  membres de la commission chargée de la finalisation du projet de la nouvelle Constitution. Des acteurs politiques, pourtant opposés à ce projet, ont cependant accepté d’y siéger. 

Le Colonel Assimi Goïta tient à doter le Mali d’une nouvelle Constitution. Il vient de publier par décret une liste en apparence inclusive de 69 membres chargés de finaliser la rédaction du projet de nouvelle Constitution. La liste est constituée pratiquement des représentants de toutes les forces vives du pays, y compris  certains hauts responsables  politiques qui étaient opposés  à ce projet. On retrouve  sur cette liste des ministres, des membres du Conseil national de transition, des Présidents d’institutions, des  représentants des organisations de la société  civile et des partis politiques partisans ou contre la prolongation de la transition. 

Déjà, la présence des Ministres et les membres du CNT au sein de cette commission  suscitent des interrogations au sein de la classe politique. Certains acteurs politiques  estiment que ça va coûter des dépenses supplémentaires au contribuable malien. « Ils bénéficient des avantages de leurs postes au sein du gouvernement et du CNT, mais aussi dans cette commission budgétivore », déplore Hamidou Doumbia, responsables du parti Yelema. Cet acteur politique évoque le caractère budgétivore de cette commission parce que le  décret initial, portant clé de répartition, qui était de 54 membres, est passé à 69 membres. 

Au-delà du caractère budgétivore de la commission, la présence des représentants de certains partis politiques, qui étaient opposés à l’élaboration d’une nouvelle Constitution, constitue un paradoxe. Parmi ces opposants, on retient les noms de l’ancien ministre Amadou Koïta et du secrétaire général adjoint du parti Convergence pour le Développement du Mali, Amadou Aya, tous membres du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie. Les membres de cette plateforme politique ont toujours réaffirmé leur opposition au projet d’élaboration d’une nouvelle Constitution, arguant que « le président de transition n’est pas légitime pour convoquer la rédaction d’une nouvelle constitution ». De même, le Cadre  justifie son opposition par l’absence d’une Assemblée nationale, légitimement élue et l’occupation d’une partie du territoire par les groupes armés. Ce  paradoxe des membres du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques  pour une transition réussie, a suscité nombre de réactions.  « La CODEM,qui rejetait toute idée de toucher à la constitution, est représentée par son secrétaire général adjoint. Le Cadre, partisan de la révision a minima, est représenté par Amadou KOITA qui vont désormais travailler pour la rédaction d’une nouvelle constitution », regrette Hamidou Doumbia, du parti Yelema.

La CODEM hausse le ton 

La  présence du secrétaire général adjoint du  parti CODEM a  suscité une rupture  entre le Cadre et le bureau parti de la Quenouille. Le parti CODEM, surpris de l’entrée de certains responsables du Cadre d’échanges des pratiques politiques  dont son secrétaire général adjoint, aurait suspendu sa participation  à ce regroupement politique.  «  La présence   de Amadou Aya parmi les membres de la commission de finalisation du projet  de la nouvelle Constitution  ne concerne ni le parti  CODEM ni l’alliance Espérance Jigi Kura »,  précise Massa Traoré, membre du bureau  des jeunes du parti. Selon des sources  concordantes,  l’affairé  est prise très au sérieux par le premier responsable de la CODEM, Housséyni Amion Guindo, qui  aurait convoqué une réunion d’urgence. 

Le projet d’élaboration  de la nouvelle Constitution du Colonel Assimi Goïta  est en bute aujourd’hui à une vaste opposition de nombreux acteurs des mouvements démocratiques. Plusieurs partis politiques ont ainsiappelé le Chef de l’Etat à abandonner le projet. Mais le gouvernement insiste sur la nécessité de doter le pays d’une nouvelle Constitution, conformément aux conclusions des Assises nationales de la refondation. Le gouvernement est en train de réussir son pari, en parvenant à associer certains opposants à la finalisation du projet de texte  de Constitution  qu’il compte soumettre par référendum, le 19 mars 2023.   

Siaka DIAMOUTENE

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