Entre Nous : Non à la persécution

Le 27 janvier dernier, Mme Aminata Cheick Dicko de « Kisal » est intervenue à la Tribune du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies lors de la présentation du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali. Elle a donné son opinion sur la gestion des affaires publiques. Une prise de parole qui n’a pas été du goût des soutiens des autorités de la transition.

Le collectif pour la défense des militaires (CDM) a porté plainte contre elle devant le Tribunal de grande instance de la commune IV du district de Bamako pour diffamation et haute trahison. Selon certaines informations, le domicile de son époux aurait reçu la visite, dans la soirée du mercredi 1er février, des hommes lourdement armés en cagoule. Probablement à sa recherche ! Des pratiques d’une autre époque que l’on croyait révolue.

Sur les réseaux sociaux, elle fait l’objet d’un lynchage d’une rare virulence. Comme elle, tous ceux et toutes celles qui haussent une voix critique contre les actions des autorités de la transition sont livrés à la vindicte populaire par un bataillon de mercenaires dont les champs de tir se résument essentiellement aux réseaux sociaux. Mme Aminata Cheick Dicko est persécutée pour ses opinions. Une liberté de ton dont la jeune dame a usé pour dénoncer la bavure de l’armée française à Bouty dans le cercle de Douentza au moment où le gouvernement de transition du Mali défendait la version officielle de son partenaire français.

Dans un communiqué en date du 3 février,  la Commission nationale des Droits de l’homme (CNDH) a fait part de sa préoccupation et de ses inquiétudes « par rapport à certains propos véhiculés sur les réseaux sociaux incitant à la haine et à la violence contre les défenseurs des droits humains. » La CNDH  rappelle à l’Etat ses obligations de protéger les Défenseurs des Droits de l’Homme conformément à l’article 15 de la Loi n°2018-003 du 12 janvier 2018 relative aux Défenseurs des Droits de l’Homme, qui dispose : « l’Etat doit protéger les Défenseurs des Droits de l’Homme, les membres de leurs familles et de leurs collaborateurs lorsqu’ils sont confrontés à une situation de risque ou de danger dans l’exercice de leurs activités »

Les attaques contre Mme Aminata Cheick Dicko ne constitue pas un cas isolé. De plus en plus, des attaques ciblent des voix discordantes avec ou sans le soutien de l’appareil d’Etat. Mme Sadya Touré a été prise à partie quand elle est intervenue en octobre 2022 à la même tribune du Conseil de sécurité de l’ONU. Aujourd’hui, notre confrère Malick Konaté est contraint à l’exil pour avoir remis des images à une télévision française. Lesquelles images ont été prises avec le consentement de Ben Le Cerveau qui a reconnu publiquement la participation de Malick Konaté à tous les événements de son mouvement. Et cela de façon gratuite. Depuis quand de tels actes constituent un crime ou un délit ? Dr Oumar Mariko est contraint de s’éloigner de son pays et des militants de son parti par avoir tenu des propos sur les événements tragiques de mars 2022 à Mourra.

Au rythme où les choses évoluent, Mme Aminata Cheick Dicko ne serait pas la dernière victime de ce climat de terreur. Les attaques dont elle fait aujourd’hui l’objet sont de nature à la conforter dans ses prises de position. Ceux ou celles qui s’attaquent à Mme Aminata Cheick Dicko devraient plutôt apporter la contradiction avec des arguments irréfutables. «Du choc des idées, faire jaillir l’étincelle de vérité qui libère et construit », dit-on. Les attaques contre des voix discordantes ne doivent pas être à l’ordre du jour. L’heure doit être plus plutôt à l’union sacrée des Maliens. Cela nécessite l’acceptation de l’autre sans tenir compte de ses prises de position.

Par Chiaka Doumbia

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