Éditorial : Mais oui, souveraineté retrouvée, bon sang !

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Même chez ceux qu’on appelle les intellectuels, il y a des moments d’idiotie et de folie. Étreints par leur incapacité de changer le cours des évènements à leur faveur, impuissance désormais difficile à masquer,  des politiciens maliens, bruyants mais minoritaires et inefficaces, n’ont rien de pertinent pour se signaler à l’attention de l’opinion publique qu’en ergotant sans cesse sur des vétilles. Las après plusieurs assauts (Premier ministre clivant, partisan, pas neutre…) pour obtenir le départ de Dr. Choguel Kokalla Maïga de la Primature, leur grand défi, ils en sont ces derniers temps à se berner en croyant qu’ils peuvent acculer les autorités de la transition à renoncer carrément à toutes les pertinentes recommandations des ANR; en somme, obliger le Colonel Assimi Goïta et le peuple à faire un coup d’État au peuple malien. S’ils avaient hier obtenu le départ de Choguel, c’est sûr qu’ils auraient enchaîné avec la demande de départ de Assimi lui-même. Dieu merci, ce scénario digne de Machiavel n’a pas réussi.

Aujourd’hui, lorsque l’on parle de souveraineté retrouvée du Mali, les voilà qui poussent des cris d’orfraie au prétexte que la souveraineté avait été déjà obtenue le 22 septembre 1960. Bon sang, qu’appellent-ils souveraineté ? Ils ont sans doute oublié le mot de Modibo Keïta appelant à la construction d’un pays “réellement indépendant”. C’est parce que certaines indépendances sont effectivement factices, elles ne peuvent pas se réclamer de la souveraineté à laquelle un peuple digne aspire. Est-ce de la souveraineté quand un pays est obligé de déposer ses devises dans le trésor d’autrui d’où il ne peut en disposer qu’aux conditions injustes et cruelles du gardien du dépôt ? Est-ce de la souveraineté quand un État est contraint de se contenter d’une monnaie de singe fabriquée par son étrangleur qui peut à sa volonté faire tourner inconsidérément la planche à billets pour le malheur de son faible consommateur ? Peut-on vraiment parler de souveraineté quand nous produisons des matières dont les prix sont fixés par d’autres ? Pouvons-nous nous prévaloir de souveraineté quand des gouvernants indignes, en complicité avec des officiers félons de l’Armée nationale, détruisent sciemment notre outil de défense, en  faisant de nos soldats des chaires à canon pour autrui ? Peut-on raisonnablement parler de souveraineté quand Florence Parly, ministre des armées françaises, arrive à Bamako et annonce la task Force Takuba de sorte que le Président de notre République apprenne en même temps la nouvelle que le citoyen lambda de notre pays ?

C’est tout cela qui est fini maintenant.

Oui, nous avons retrouvé la souveraineté et notre volonté est de ne rien faire qui puisse la brader.  Mais les renégats sont déjà dans un autre débat, oiseux comme toujours, sur la laïcité. Mais non, ne cassez pas les tympans de nos précieuses oreilles. Professeur Glélé, spécialiste respecté, dit que l’État laïc n’est bien évidemment pas l’État religieux; il ne saurait non plus, en aucun cas, être l’État irréligieux. L’État laïc est l’État arreligieux, c’est-à-dire un État qui ne s’immisce pas dans les questions religieuses et qui est d’égal partage entre les différentes religions…”. Que les bruiteurs arrêtent donc de faire croire qu’il fait chaud au Mali comme il ne fait chaud en enfer. C’est faux.

Amadou N’Fa Diallo

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