
Le 7 avril est la journée internationale de la santé. Cette journée coincide cette année avec les 77 ans de la création de l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé.
A cette occasion, l’OMS veut attirer l’attention sur la santé des femmes et des nourissons avec la campagne baptisée « Une bonne santé à la naissance pour un avenir plein d’espoir « .
Cette campagne vise à inciter les pouvoirs publics et les professionnels de santé à redoubler d’efforts pour prévenir les décès évitables des mères et des nouveau-nés.
L’Afrique subsaharienne a réalisé des progrès significatifs, elle est l’une des trois régions des Nations unies à avoir enregistré des baisses importantes après 2015, en terme de lutte contre la mortalité maternelle et néonatale.
Mais cela reste insuffisant explique le Dr Léopold Ouédraogo, Conseiller régional en Santé sexuelle et reproductive de l’Organisation Mondiale de la santé.
Dr Léopold Ouédraogo : Le thème a été choisi pour donner l’occasion à toute la communauté internationale de se pencher sur la question des décès maternels et néonatals qui constituent un fléau au regard des chiffres encore élevés dans le monde et qui constituent une injustice sociale.
Donc c’est vraiment donner l’occasion à toute la communauté internationale de réfléchir sur les causes, les facteurs contributifs et ensemble de voir qu’est-ce qui peut-être fait pour amener à une réduction des taux encore élevés de décès maternel et néonatal.
Ce sera le lancement d’une campagne qui va durer toute une année qui va comprendre un ensemble d’activités diverses, y compris la diffusion de messages, la sensibilisation et également pour l’appui technique, financier et pour que les mères et les nouveau-nés puissent se porter mieux.
DW : Selon les données de l’OMS, une femme meurt toutes les deux minutes des complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Quelle est la situation en ce qui concerne l’Afrique ?
Dr Léopold Ouédraogo : La situation en Afrique est critique. Selon les estimations publiées aujourd’hui même, il y a encore beaucoup de décès maternelles et néonatales.
Il y a eu certainement une réduction parce que quand on regarde la période 2000 à 2023, on a eu une diminution d’environ 40 %, mais les progrès ne sont pas suffisants par rapport à la cible fixée par les objectifs du développement durable.
DW : Et quelles sont justement les causes les plus fréquentes de cette mortalité maternelle et néonatale sur le continent africain ?
Dr Léopold Ouédraogo : Jusqu’à 77 % des décès maternels sont dues en fait à des causes directs tels que les hémorragies, les saignements juste après l’accouchement, il y a les troubles hypertensifs, il y a les infections et il y a également des avortements provoqués dans des conditions dangereuses…
En plus de cela, il y a quelques causes indirectes telles que le VIH/Sida, les maladies chroniques qui aussi augmentent le risque dans une moindre mesure.
DW : Ce sont des causes qu’on peut pour la plupart éviter, qu’est-ce qui fait qu’on n’y arrive pas justement ? c’est le manque d’information, le manque de moyens ?
Dr Léopold Ouédraogo : Oui, il y a tout un ensemble de facteurs aggravants, malheureusement, qu’on regroupe souvent sous le vocable 3 retards.
Il y a le premier retard sur la décision même de se faire soigner, donc il faut identifier à temps les signes de danger, décider de recourir aux soins, et souvent ça, c’est lié à un manque d’éducation ou à une autonomie limitée, à certaines normes culturelles.
Mais le deuxième retard, c’est le retard même pour arriver aux formations sanitaires, le retard dans l’accès aux services de santé, et c’est lié aux difficultés de transport, au mauvais état des routes… Les coûts élevés aussi. Cela peut jouer sur le retard à l’accès aux formations sanitaires.
Et le troisième retard, enfin, c’est le retard maintenant pour obtenir des soins de qualité une fois qu’on arrive dans les formations sanitaires. Et cela est peut-être dû à l’insuffisance de personnel qualifié.
Aussi, le manque d’équipement, de produits médicaux immédiatement disponibles et accessibles dans les services de santé et également la faiblesse des systèmes de santé.
Pour redresser ces facteurs-là, il va falloir intervenir à plusieurs niveaux, et on voit tout de suite que la mortalité maternelle, en fait, est multi-sectorielle, parce que ce ne sont pas seulement les services de santé ou les systèmes de santé qui peuvent régler tout.