Affaire des «écoutes Bismuth» : Nicolas Sarkozy condamné en appel à trois ans de prison, dont un ferme

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Nicolas Sarkozy de nouveau condamné. La cour d’appel de Paris a rendu sa décision ce mercredi 17 mai aux alentours de 9 heures concernant l’ex-chef de l’Etat, son avocat et ami Thierry Herzog et l’ex-haut magistrat Gilbert Azibert dans l’affaire dite des «écoutes Bismuth». Déclaré coupable de «corruption active sur magistrat» et «trafic d’influence active sur personne dépositaire de l’autorité publique», l’ancien président écope de trois ans de prison, dont un ferme et de privation de ses droits civiques pendant trois ans. L’ancien taulier de la droite ne devrait toutefois pas aller en prison : son année ferme sera aménagée sous bracelet électronique à son domicile. Son ami et avocat de toujours Thierry Herzog est lui aussi condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis. Tout comme l’ancien magistrat Gilbert Azibert.

En première instance, dans un jugement sans précédent pour un ancien président de la Ve République, Nicolas Sarkozy avait été condamné le 1er mars 2021, à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme, pour «corruption» et «trafic d’influence». Celui qui n’a eu de cesse de clamer son innocence avait immédiatement fait appel.

«Une affaire d’une gravité sans précédent»

Au premier jour de ce nouveau procès, le 5 décembre 2022, il avait affirmé être venu «défendre son honneur bafoué» et assuré n’avoir «jamais corrompu qui que ce soit». A l’issue des débats, le parquet général avait fustigé «une affaire d’une gravité sans précédent au cours de la Ve République», mais n’avait pas demandé de prison ferme contre l’ancien locataire de l’Elysée, 68 ans aujourd’hui.

Trois ans de prison totalement assortis du sursis avaient été requis contre l’ex-chef de l’Etat et ses deux coprévenus. Le ministère public réclamait en outre une interdiction des droits civiques de cinq ans pour Nicolas Sarkozy et Gilbert Azibert, 76 ans, ainsi qu’une interdiction d’exercer la profession d’avocat pendant la même période pour Me Herzog, 67 ans.

Le début de cette affaire remonte à fin 2013, quand les juges d’instruction chargés de l’enquête sur les soupçons de corruption libyenne avaient décidé de «brancher» les deux lignes de Nicolas Sarkozy. Ils avaient ensuite découvert l’existence d’une troisième ligne, officieuse. Achetée le 11 janvier 2014 sous l’identité de «Paul Bismuth», elle était dédiée aux échanges entre l’ex-président et son avocat et ami de longue date, Thierry Herzog.

Pour le ministère public, se dessinent dans ces écoutes un pacte de corruption noué avec Gilbert Azibert, alors avocat général à la Cour de cassation, accusé d’avoir œuvré en coulisses pour peser sur un pourvoi formé par Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt, en échange d’un «coup de pouce» pour un poste honorifique à Monaco.

Financement libyen

Indirectement à l’origine du procès sur les «écoutes», cette affaire libyenne place l’ex-homme fort de la droite sous la menace d’un autre retentissant procès : le Parquet national financier (PNF) a requis la semaine précédente son renvoi en correctionnelle dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Sous forte pression judiciaire, Nicolas Sarkozy sera rejugé en appel à l’automne dans l’affaire «Bygmalion», sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012. Il avait été condamné à un an de prison ferme en septembre 2021.

Mise à jour : à 09 h 20, avec la décision de la cour d’appel de Paris et à 09 h 29 avec plus de précisions sur les condamnations.

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