Les autorités maliennes saluent les progrès soulignés par le secrétaire général de l’ONU mais réfutent les allégations relatives notamment à la sécurité et aux droits de l’Homme
Dans un mémorandum en date du 25 janvier 2023, le gouvernement, à travers le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a réagi au rapport trimestriel du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres sur la situation au Mali. Ce rapport couvre la période du 4 octobre au 29 décembre 2022. Et cela conformément aux dispositions de la résolution 2640 (2022) portant sur le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).
S’agissant du volet politique, le gouvernement apprécie que le secrétaire général reconnaisse les progrès politiques. Il s’est réjoui également de la prise en compte des efforts en cours en vue de parvenir à un large consensus autour de l’adoption de la nouvelle Constitution et de certaines questions relatives au processus électoral. Ces avancées sont, entre autres, la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) et la révision du fichier électoral.
Toutefois, en réponse à la préoccupation du secrétaire général affirmant que «les parties prenantes maliennes ont exprimé des réactions variées sur le processus et le contenu du projet de Constitution», le gouvernement rappelle que ces réactions participent au renforcement de la démocratie et à la liberté d’expression. Ainsi, dit-t-il, dans la dynamique enclenchée en vue de parvenir à un large consensus sur la nouvelle Constitution, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta mettra en place une Commission pour la finalisation des textes fondamentaux.
Dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations issues des Assises nationales de la refondation (ANR), le président de la Transition a nommé 26 nouveaux membres au Conseil national de Transition. Faut-il signaler aussi, l’organisation du 17 au 22 octobre 2022 à Bamako de la conférence sociale. S’y ajoutent l’adoption des stratégies nationales relatives à la dépolitisation de l’administration, la lutte contre la corruption, la dématérialisation des services publics et la poursuite du chantier de la régionalisation.
Parlant du mécanisme de suivi conjoint de la Transition avec la Cedeao, le Mali reste engagé pour le respect de l’échéance fixée pour la fin de la transition en mars 2024. En outre, notre pays reste attaché à la préservation des relations séculaires, d’amitié, de coopération et de bon voisinage. C’est dans cet esprit que le chef de l’état a accordé sa grâce avec remise totale de peines aux 49 militaires ivoiriens.
Abordant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, malgré la décision des groupes signataires de suspendre leur participation au Comité de suivi de l’Accord (CSA), le Mali poursuit les actions en vue de diligenter sa mise en œuvre. Le Désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) accéléré enregistre 1.718 ex-combattants intégrés dont 593 pour la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), 531 pour l’Inclusivité et 594 pour la Plateforme.
À cet effet, pour la diligence du processus, nos autorités ont élaboré deux plans d’actions : 2023-2025 et 2023-2027. D’après le mémorandum, à la date du 31 décembre 2022, le nombre de combattants enregistrés est de 74.918 dont 26 108 avec armes, 46.675 avec minutions. Parmi ceux-ci, 30.775 combattants sont éligibles au désarmement et à la démobilisation. Par contre, 44.112 combattants sont aptes à la réinsertion. Concernant la Zone de développement du Nord (ZODERN), le gouvernement et la Banque mondiale se sont mis d’accord pour prolonger jusqu’au 30 juin 2023 le financement de la réinsertion socio-économique de 900 femmes affiliées aux groupes armés.
PREUVES TANGIBLES– Quant à l’aspect sécuritaire, le patron des Nations unies exprime sa préoccupation face à cette situation qu’il trouve complexe, marquée par les activités criminelles des groupes armés contre les civils, les FAMa et la Minusma. Le ministère en charge des Affaires étrangères s’insurge contre ces allégations : «comme le précédent, le rapport ne donne aucune indication sur les efforts et les actions menées par les Forces de sécurité et de défense dans le cadre de la sécurisation du territoire et de la protection des civils».
Pourtant, les FAMa ont enregistré des résultats encourageants à travers les opérations anti-terroristes, la poursuite du maillage du territoire et les missions d’escorte des véhicules de transport des passagers et de marchandises ainsi que les actions de sécurisation des frontières. Le mémorandum invite, le chef des Nations unies à reconnaître que cette posture offensive des FAMa a permis également la neutralisation de nombreux terroristes, la destruction de leurs sanctuaires et la stabilisation de nombreuses zones.
Pour le centre du pays, le constat est unanime que les efforts sont faits pour stabiliser cette partie du territoire. Par ailleurs, sur la situation des droits de l’Homme « le Mali réfute ces allégations et rappelle que les forces maliennes sont bien outillées en matière de droits de l’Homme et de droit international humanitaire », indique le mémorandum fourni par le ministère des Affaires étrangères.
Le volet réparation est au cœur des actions prioritaires. En témoignent la promulgation le 15 novembre 2022, par le président de la Transition, de la loi fixant les règles générales de réparation des préjudices causés par les violations graves des droits de l’Homme. Sur le plan humanitaire, le document est on ne plus clair : «le gouvernement reste préoccupé par la question et poursuit des actions et programmes en vue d’offrir aux populations affectées un meilleur cadre de vie».
Indiquant qu’en août 2022, l’Etat du Mali a enregistré, le retour volontaire dans leurs localités de 695.598 déplacés internes et 84.806 réfugiés maliens. La question des défis opérationnels de la Minusma a été évoquée par le secrétaire général. Il note que depuis le 4 octobre 2022, 237 demandes de vol de la Minusma ont été refusées ou n’ont pas reçu de réponse des autorités maliennes. Le Mali fait observer que sur ce point, la réunion de coordination gouvernement/Minusma, tenue le 1er août 2022 a permis de mettre en place une procédure relative à une meilleure gestion de la rotation des contingents de la Mission
Dans cette perspective, le gouvernement plaide pour une posture offensive de la Minusma dans l’accomplissement de son mandat. «Le soutien aux autorités maliennes dans le cadre de la restauration de l’autorité de l’état sur l’ensemble du territoire, la protection des populations civiles et l’appui de la Minusma à la mise en œuvre de l’Accord», recommande le mémorandum.
Namory KOUYATÉ