« Sorties pédagogiques » payantes créées de toutes pièces, livres et fascicules à vendre, cahiers en vente par des directeurs des écoles privées, des tenues de sport à vendre, des frais divers pour des « cours de soutien », des frais de scolarité en hausse, etc, les parents d’écoles sont presque rackettés par nos… « vendeurs du savoir », certaines écoles privées.
En plus du fait qu’ils augmentent abusivement les frais de scolarité, les promoteurs et directeurs des écoles privées sont en passe de tout monnayer dans leurs établissements scolaires. Tout monnayer, car presque tout se vend ici désormais ! C’est la course effrénée vers le gain financier.
Ces sorties pédagogiques payantes et… obligatoires
Tenez par exemple : pour une prétendue « sortie pédagogique » d’une école privée située à Magnambougou (commune VI), qui veut amener ses élèves du cycle fondamental visiter la Cité des Enfants (non loin du quartier), les frais de participation sont fixés à 5000 F CFA par enfant. Si donc, cette école réussit à collecter la participation de 100 élèves, le directeur ou le promoteur (l’organisateur de cette sortie pédagogique) se tape la coquette somme de 500 000 F CFA. Le voilà qui va louer une dizaine de sotramas ou un car et dépenser à peine 100 000F CFA. Il empocherait un bénéfice consistant d’environ 400 000 F CFA et le tour est joué ! Bravo à cette malicieuse et puante voie d’enrichissement illicite ! L’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) est interpellé ! Même si le Directeur de l’école privée en question explique qu’un rafraichissement peut être servi aux élèves lors de cette sortie pédagogique, cela ne rassure pas sur la méthode de pression financière exercée sur les parents. Car, certaines écoles peuvent tirer des sujets de devoirs des constats de ces fameuses sorties pédagogiques. « Un sujet de rédaction ou d’ECM peut découler de cette sortie », avoue le Directeur d’une école privée contactée…. D’où la pression ou l’intimidation discrètement exercée sur les élèves à prendre part à ces activités extrascolaires payantes.
En effet, les parents d’élèves souffrent la croix et la bannière face aux charges de la scolarité de leurs progénitures, au point qu’ils ne savent plus à quel saint se vouer pour chercher secours. Puisque nos responsables des écoles privées ne cherchent qu’à leur soutirer de l’argent, à tout prix, à travers la gestion de leurs établissements, comme des entreprises à la recherche du gain sonnant et trébuchant. A tout va, sans aucune gêne! Le ministre de l’Education, Mme Sidibé Dédéou Traoré, doit faire quelque chose pour mettre fin à cette boulimie financière !
Autre exemple, auparavant, seuls les nouveaux élèves à inscrire dans ces écoles doivent payer les frais d’inscription, qui tournent généralement autour de 15 000 ou 20 000F dans le cycle fondamental. Très vite, la cupidité (la racine de tous les maux), a poussé nos braves éducateurs à créer, de toutes pièces, le concept de « réinscription » ! Il s’agit des frais que tous les élèves (déjà inscrits) doivent payer au début de chaque année scolaire. Il est fixé entre 7 500 à 10 000 pour le cycle fondamental. Cet argent ne se justifie aucunement, l’élève étant ancien dans l’établissement et ayant déjà payé pour son inscription. Une pure escroquerie !
Les élèves doivent-ils tout acheter dans leurs écoles ?
Comme si cela ne suffisait pas, les responsables de ces écoles privées obligent aussi les parents à payer la tenue scolaire chez eux. S’il s’agit d’un tissu à coudre, c’est leurs tailleurs qui a le monopôle à des prix élevés. Par exemple, deux tenues entre 15 à 20 000F, toujours pour le cycle fondamental. Ce qui veut dire que le parent ne peut pas se faire coudre cette tenue par son tailleur (ami ou parent) à un prix plus abordable. Et l’on intime l’ordre de collecter cet argent de la tenue des les premières semaines de la rentrée des classes, sous peine de renvoyer l’élève…
Pis, le comble est atteint avec la tenue de sport, que nos « chefs d’entreprises scolaires » obligent les parents à ne payer que chez eux ! Motif, fallacieux ? L’on dira qu’il faut coudre ou graver le nom de l’école sur la tenue, pour faire le sport. Et si votre enfant dispose déjà de jeux de maillots ou de collants pour faire les deux heures maximum de sport par semaine, cela ne lui servira pas. Il faut, sous peine d’être renvoyé, lui acheter un ensemble short et tee-shirt à 6 000 F ou plus ! Quid des cours privés dits « cours de soutiens » payés organisés par les enseignants de ces écoles ? C’en est de trop ! « Nous organisons les sorties pédagogiques pour changer d’air à nos élèves. Cela doit être payés par les parents », explique un encadreur d’une école privée. A la question de savoir si les frais de participation (à ces sorties ou ces fêtes de fin d’année scolaire) ne sont pas exorbitants,, il répond, sans gêne : « nous les encadreurs, nous devons être aussi …motivés » ! Pour dire qu’ils doivent se sucrer sur le dos des parents d’élèves. En les rackettant ? La honte ! Le Malikura en chantier doit mettre fin à ces pratiques.
L’Etat doit plus contrôler la gestion des écoles privées
Sans oublier que nos éducateurs mercantilistes n’hésiteront pas à proposer tels ou tels livres ou fascicules ou annales ou photocopies à acheter ou telles sorties des élèves à payer. Oublient-ils que les parents sont à bout de souffle et que le droit à l’éducation est un droit universel que tout le monde doit aider à promouvoir ? Sans cette recherche effrénée du gain pécuniaire ? Car, à cette allure, très bientôt, nos promoteurs et directeurs d’écoles privées obligeront les parents d’élèves à payer toutes les fournitures scolaires chez eux à des prix prohibitifs. Ils n’hésiteront pas à demander aux élèves de ne porter que des habits et chaussures que les écoles commenceront à vendre ! Où va-t-on avec cette dérive dénaturant la vocation d’éducateurs ?
Stop au harcèlement financier des parents d’élèves !
Le ministre de l’Education nationale, Mme Sidibé Dédéou Traoré, est plus que jamais interpellée, pour faire arrêter ce harcèlement financier dont sont victimes les parents d’élèves. Il urge de mettre fin à cette dangereuse dérive des promoteurs et directeurs des écoles privées.
Lamine BAGAYOGO