Après plusieurs mois de tensions diplomatiques, les relations entre le Mali et l’Algérie semblent prendre un nouveau tournant. L’origine de ces tensions remonte à la visite à Alger de l’imam Mahamoud Dicko, une figure influente de la politique malienne, hostile au pouvoir de transition de Bamako. La visite a été perçue par les autorités maliennes comme un soutien à l’opposition, ce qui a alimenté la crise entre les deux pays.
Les autorités maliennes ont utilisé cet événement comme prétexte pour justifier une escalade diplomatique. Elles ont accusé l’Algérie de soutenir indirectement l’imam Dicko, ce qui a alimenté les critiques contre Alger, notamment en le tenant responsable de l’impasse politique que traversait le Mali à l’époque. Bamako a ensuite cherché un moyen de rompre les relations diplomatiques, en pointant du doigt l’Accord de paix et de réconciliation d’Alger de 2015, que le gouvernement malien considérait comme imposé par l’Algérie, une pression qu’il jugeait inadmissible.
Cependant, une nouvelle phase a commencé lorsque le gouvernement malien a décidé de rétablir des liens diplomatiques. Le rapprochement a été amorcé par la décision des autorités de Bamako d’accorder l’agrément au nouvel ambassadeur d’Algérie, M. Kamel Retieb. Le 14 novembre 2024, ce dernier a été reçu au palais de Koulouba par le président de la transition, Assimi Goita, et a présenté ses lettres de créance. Ce geste symbolique marque la fin de plusieurs mois de rupture, et l’atmosphère de cette rencontre était nettement différente de celle observée quelques semaines plus tôt.
Le discours du président Goita lors de cette cérémonie a marqué un véritable tournant. « J’ai reçu ce jeudi 14 novembre les lettres de créance de trois nouveaux ambassadeurs, réaffirmant les liens d’amitié et de coopération entre le Mali et ces nations », a déclaré Goita. Un changement de ton vis-à-vis de l’Algérie qui est particulièrement notable, d’autant plus qu’il survient après plusieurs mois de tensions. La rupture avec l’Algérie, qui avait été accentuée par l’opposition de Bamako à l’Accord d’Alger, semble désormais être en voie d’apaisement.
Les relations entre les deux pays ont été particulièrement marquées par des divergences autour de l’accord de paix de 2015. Le gouvernement malien avait dénoncé ce dernier, estimant qu’il avait été imposé par l’Algérie, avec des pressions sur le Mali pour le faire signer. La situation s’était ensuite aggravée avec les accusations portées par Bamako, qui avait accusé Alger d’être responsable des difficultés politiques du pays, notamment depuis le coup d’État de 2021.
La montée en puissance des groupes terroristes, avec notamment une attaque en septembre dernier à l’aéroport de Bamako, a exacerbé les difficultés. L’armée malienne, soutenue par des forces russes, avait pourtant remporté des victoires importantes contre les groupes armés au nord du pays, mais ces succès ont été ternis par l’instabilité persistante.
L’économie malienne a également souffert, avec des pénuries d’électricité marquantes cet été, touchant à la fois la population et les secteurs industriels. Des défis qui ont mis le gouvernement malien face à des critiques internes croissantes. La classe politique a insisté pour que la transition soit écourtée, en raison de l’échec sécuritaire et de la crise économique qui affectaient la société malienne. Ainsi les autorités maliennes ont dû chercher des solutions diplomatiques à l’extérieur, d’où également le rapprocher de l’Algérie, dont les autorités ont toujours exprimé leur soutien à l’intégrité, à la souveraineté et à la sécurité du Mali.
Ce retour vers la coopération avec l’Algérie semble traduire une volonté du gouvernement malien de sortir de l’isolement diplomatique dans lequel il se retrouve depuis 2021. Le président Goita, par ses récentes déclarations, a réaffirmé sa volonté de rétablir des liens constructifs avec l’Algérie. Ce rapprochement pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour les relations entre les deux pays, avec des perspectives de collaboration renforcée dans les domaines sécuritaire, économique et diplomatique.