La Journée mondiale sans tabac sera célébrée le 31 mai 2024. En prélude, le professeur Abdoul Aziz Kassé, membre de l’association Prévenir, a livré un cours magistral aux élèves du lycée privé Birago Diop de Dakar sur le thème « Comment protéger les enfants de l’ingérence de l’industrie du tabac ».
Devant un amphithéâtre plein comme un œuf, le Pr. Kassé a expliqué que si le tabagisme baisse dans les pays occidentaux, c’est parce qu’il y a un arsenal juridique qui a été mis en place et qui lutte contre le tabac. Ce qui n’est pas le cas dans nos pays. L’industrie du tabac, voyant que ses revenus baissent dans les pays occidentaux, s’est repliée en Afrique.
Il invite ainsi les nouvelles autorités à s’impliquer dans cette nouvelle bataille. « L’industrie du tabac va continuer à vendre du tabac, mais aussi des substances alternatives qui ne sont plus les mêmes. La chicha est en train de gangrener le pays, parce qu’une session de chicha d’une heure est l’équivalent de 20 à 100 cigarettes. C’est inadmissible ! Cela enrichit les Turcs, les Syriens, les Libanais, mais aussi les terroristes qui introduisent frauduleusement de la chicha dans nos pays », explique-t-il.
À l’en croire, le Mali a pris ses responsabilités en interdisant la chicha. Pourquoi pas au Sénégal ? « L’industrie du tabac s’est dit : plutôt que de vendre du tabac, maintenant je vais vendre de l’addiction. Je vais prendre la substance la plus addictive qui s’appelle la nicotine que je vais mettre dans des puffs. Ces puffs ressemblent à des marqueurs qui sont vendus aux enfants. Ils sont extrêmement dangereux pour entretenir une certaine forme de dépendance. S’y ajoutent d’autres formes de délivrance que l’on appelle les sachets de nicotine que l’on met dans la bouche. Mais le plus grave, au lieu de ne mettre que de la nicotine dans les puffs, certaines industries asiatiques mettent des dérivés du cannabis, des alcools et aujourd’hui, ils mettent une drogue que l’on appelle ‘zombie’ que l’on n’a pas encore vue au Sénégal ».
Le Pr. Kassé d’avertir : « Le jour où cette drogue arrivera au Sénégal, ce sera catastrophique. Nous n’avons pas le droit de nous taire. Nous avons raté une chose : le ministre de la Santé, à l’époque, en 2014, avait refusé que l’on transforme tous les espaces publics et les espaces ouverts au public en des espaces sans tabac. Si on l’avait fait, 20% du tabagisme aurait disparu. Et on ne l’avait pas fait. Le moment est venu de le faire. C’est pourquoi nous demandons aux nouvelles autorités de prendre leurs responsabilités. Les religieux ont été très courageux ; la famille Tall, Médina Gounass a interdit le tabac dans toutes les cités religieuses, mais il y a certaines cités religieuses qui traînent les pieds. Au Sénégal, nous n’avons pas l’habitude de dire les choses, mais dans ce cas précis, il y va de la santé de nos enfants. Ce que nous faisons aujourd’hui ne sera pas pour nous. Nous verrons les effets dans 25 ans. »
Pour le directeur des études du lycée Birago Diop, le thème concerne les enfants qui doivent être avertis pour éviter le piège qui leur est tendu par l’industrie du tabac.
Il s’agit, dit-il, d’un piège parce que malgré l’éducation, d’abord à la maison, à l’école ensuite, des parents qui ont beaucoup investi sur leurs enfants se sont réveillés un jour pour se rendre compte qu’ils sont adeptes de la cigarette.
Embouchant la même trompette, Sidy Camara, le président de l’Association des parents d’élèves du lycée Birago Diop, affirme qu’il est impératif de comprendre les élèves, les assister et les sensibiliser. « Les addictions en milieu scolaire sont une réalité. Les conséquences sur le bien-être et les performances scolaires sont notoires », dit-il.
Avant d’inviter à adopter une approche holistique qui implique les éducateurs, les parents et le ministère de l’Éducation dans la croisade contre la consommation du tabac en milieu scolaire.
À l’en croire, la communauté éducative doit jouer un rôle primordial pour la santé et le bien-être des enfants.
+ There are no comments
Add yours