Édito : la Cedeao et le Mali, du duel au duo

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La 62ième session ordinaire  des chefs d’Etats et de gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, s’est tenue à Abuja au Nigeria, le dimanche 4 décembre 2022. Cette session  semble déjouée tous les pronostics et toutes les rumeurs fallacieuses qui avaient pignon sur rue au Mali et qui faisaient état d’un ultimatum lancé aux autorités de Bamako si elles ne libèrent pas les 46 soldats incarcérés au Mali. Les sujets inscrits à l’ordre du jour passionnaient, certes, plus d’un citoyen de l’espace communautaire, mais le communiqué final a été une véritable aubaine pour Bamako. Ils étaient entre autres l’évolution des transitions dans les trois pays membres à savoir : le Burkina-Faso, la Guinée et le Mali, ensuite la crise entre le Mali et la Côte d’Ivoire au sujet des 46 soldats incarcérés et enfin la nécessité de mettre en place une force sous régionale pour lutter contre le terrorisme, mais aussi et surtout être un rempart contre les déstabilisations chroniques des pays. Les autorités sous régionales,  après avoir apprécié les rapports des différents médiateurs désignés par la CEDEAO dans les trois pays qui connaissent une situation exceptionnelle due à la rupture constitutionnelle, la conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernements a pris des décisions au cas par cas.  Pour ce qui concerne le Mali, alors que les rumeurs les plus folles avaient fait état d’une série de sanctions contre le pays du Colonel Assimi Goïta, le communiqué final n’a été, en réalité qu’une aubaine pour les autorités maliennes qui s’en sortent bien. Pour rappel, ce communiqué final demande dans un ton diplomatiquement correct, aux autorités de la transition d’accéder à la sollicitation de la CEDEAO pour une éventuelle libération des 46 soldats ivoiriens. La Communauté sous régionale s’engage même à soutenir le Mali et ses autorités sur un triple plan, politique, financier et  organisationnel, afin que le pays puisse sortir de cette série noire de rupture constitutionnelle, pour un retour à l’ordre constitutionnel normal.

Pour mettre fin aux résurgences des coups d’Etat dans l’espace, le 62ème sommet de la CEDEAO a décidé de la création d’une force contre le terrorisme et contre aussi le renversement des régimes. Pour beaucoup d’observateurs, le communiqué final n’a été qu’une main tendue de la CEDEAO aux autorités de la transition malienne. Cette main tendue doit être acceptée par le Colonel Assimi Goïta afin que le Mali puisse retrouver sa place et toute sa place dans l’organisation sous régionale. Le Mali doit également accepter les propositions, ou du moins la demande de libération des 46 soldats ivoiriens afin d’harmoniser ses relations avec ce grand pays frère et voisin, qu’est la Côte d’Ivoire, stratégiquement important pour le Mali sur un triple plan, social, financier et économique. Si nul ne pourra se sauver tout seul, le salut du Mali est dans la coopération sud- sud avec d’abord ses voisins et puis avec tous les pays africains  et même du monde avec lesquels il a un destin commun.

                                                                                                                                       Youssouf Sissoko   

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